Mort de Patrice Chéreau: Hommages à «l’un des plus grands artistes français»
CULTURE•Le réalisateur de «La Reine Margot» est mort lundi à Paris à l’âge de 68 ans...A.L avec AFP
Homme de théâtre et cinéaste, Patrice Chéreau était l’un des maîtres de la scène européenne depuis plus de quarante ans. L’annonce de son décès a suscité une vague d’émotions et d’hommages.
Le président François Hollande a salué «l'un des plus grands artistes français», qui faisait «partout dans le monde» la «fierté» de la France. «Il a incarné la décentralisation culturelle, notamment aux Amandiers, révélé de grands auteurs et des grands comédiens. Et comme cinéaste, chacun de ses films était un chef-d'œuvre», poursuit le chef de l'Etat, dans un communiqué publié dans la soirée par l'Elysée.
Le directeur de l'Opéra de Paris, Nicolas Joel, qui avait été son assistant sur le fameux Ring de Wagner à Bayreuth en 1976, s'est dit «bouleversé».
Olivier Py, qui avait été «très soutenu par Patrice Chéreau» lorsqu'il avait été évincé de la direction du théâtre de l'Odéon en mars 2011, a fait part de «son immense tristesse». «C'était un metteur en scène d'une grande culture, et d'une extrême délicatesse, traversé par une inquiétude, même après tout ce qu'il avait fait.»
«Avec Patrice Chéreau disparaît l'un de nos plus grands artistes et une part de nous-mêmes. Nous nous sommes construits au fil de ses films, de ses pièces, de ses opéras», a déclaré la ministre de la Culture Aurélie Filippetti à l'AFP. «C'était un homme magnifique, généreux, exigeant avec son talent et avec les valeurs qu'il incarnait», a-t-elle ajouté.
«Un maître s'est tu», a tweeté le président du Festival de Cannes, Gilles Jacob, avant d’ajouter un regret:
« La chair de l'orchidée, L'homme blessé, La reine Margot, Ceux qui m'aiment prendront le train: Patrice aurait adoré avoir la palme. Dommage. — gilles jacob (@jajacobbi) October 7, 2013 »
«Patrice Chéreau s'en va. Il était libre et il avait du génie. Chagrin», a également écrit sur Twitter l’écrivain Amanda Sthers.
«Patrice Chéreau a rejoint le Panthéon céleste du théâtre. Sa mort comme celle de Mastroianni est la fin d'un monde», a écrit sur Twitter le directeur de la MC93 Bobigny Patrick Sommier.
« Patrice Chereau a rejoint le panthéon céleste du theatre. Sa mort comme celle de Mastroianni est la fin d'un monde — patrick sommier (@psommier) October 7, 2013 »
«Un artiste exceptionnel doté d'une imagination et d'une vision prodigieuses»
«J'ai un peu de mal à en parler», a rapidement confié ce mardi matin au micro de RTL Danièle Thompson, qui a coécrit Ceux qui m'aiment prendront le train «Je savais qu'il était malade bien sûr (...). Nous avons eu 25 ans de relation au cinéma».
«Il a probablement réinventé la mise en scène du théâtre en France», a ajouté sur RTL le directeur de théâtre du Rond-Point Jean-Michel Ribes. «Il pouvait aussi bien monter les plus grands opéras classiques que bien Shakespeare ou Marivaux. C'est quelqu’un qui avait le génie du théâtre et qui l'a ensuite transporté dans son œuvre cinématographique», a-t-il encore ajouté.
Le maire de Paris Bertrand Delanoë a salué dans un communiqué «un artiste exceptionnel doté d'une imagination et d'une vision prodigieuses», tandis que le président de l'Institut du Monde arabe Jack Lang évoquait «un talent surprenant, étincelant». L'ancien ministre de la Culture a souligné qu'il «était un découvreur d'auteurs exceptionnels», comme Bernard-Marie Koltès.
A l’étranger aussi, la mort de Patrice Chéreau a suscité de nombreux hommages. Le patron du Metropolitan Opera de New York Peter Gelb regrette la disparition de «l’un des metteurs en scène de théâtre et d’opéra européens les plus influents des cinquante dernières années», rapporte le New York Times.