On envoie tout et n’importe quoi dans l’espace en ce moment. La torche olympique des JO d’hiver de 2014, George Clooney et Sandra Bullock dans Gravity… L’an dernier, le 20 août 2012, Invader, s’est lancé dans un projet fou, que retrace désormais un film, Art4Space. Depuis plusieurs années, le street-artist français colle, à travers la planète des mosaïques, à l’effigie de ces personnages célèbres et vintage du jeu vidéo. Aujourd’hui, quelque 70 villes sur les cinq continents accueillent ses œuvres. Il ne lui restait plus qu’à envoyer une de ses pièces dans la stratosphère. C’est fait.

Un alien à 35 km au-dessus de nos têtes

Art4Space, le moyen-métrage de 30 minutes, en stop motion, retrace cette aventure rocambolesque et livre des extraits des images captés à 35 kilomètres au-dessus de nos têtes. «C’est une démarche qui me titillait depuis longtemps, d’autant plus qu’il existe peu de démarches artistiques en ce sens. C’était aussi pour surprendre mon public, en allant là où il ne s’attend pas à voir de l’art contemporain. Maintenant, j’ai une très belle image d’un Space Invader avec la Terre en toile de fond», racontait Invader, ce lundi, lors de la conférence d’une presse à Paris, où il apparaissait masqué, pour conserver son anonymat.

Mini-caméra GoPro, ballon d’hélium, tracker GPS

Le dispositif, il l’a créé lui-même, à partir de recherches sur Internet: mini-caméra GoPro, ballon d’hélium spécialement commandé au Japon, tracker GPS, puce RFID… 1.000 euros de budget. Dans le film, on voit l’œuvre s’élever au-dessus de la Floride, puisqu’elle a été «lancée» à proximité de Miami, et –clin d’oeil à la Nasa- de Cap Canaveral.

«Foudroyée lors de sa descente»

L’œuvre de mosaïques a atteint l’espace, où la température avoisine les -80°C. Puis le ballon d’hélium a éclaté et l’alien a entamé sa longue chute, freinée par un parachute rouge, vers le sol. Invader l’a récupéré à 100 kilomètres du lieu de lancement, après avoir arpenté des champs gorgés d’eau… et de serpents. «L’œuvre n’était pas cassée, pas de signe d’usure, mais elle a été foudroyée lors de sa descente, par un éclair ou un champ magnétique. Je la garde précieusement et je l’exposerai.»

Invader l’a reconnu lors de la conférence de presse: au départ, il imaginait une invasion des fonds sous-marins. Mais c’était avant de prendre connaissance des œuvres immergées au large de Cancún de Jason de Caires Taylor. Ce dernier, ayant eu vent de son changement de direction, lui a quand même fait un cadeau, en plongeant trois aliens collés à ses sculptures, dans l’océan Atlantique.