«On ne peut pas comparer Placebo à un couple. On est plutôt une famille»

«On ne peut pas comparer Placebo à un couple. On est plutôt une famille»

MUSIQUE – Le trio anglais revient avec un septième album, «Loud Like Love»…
Benjamin Chapon

Benjamin Chapon

Quatre ans après le médiocre «Battle for the Sun», Placebo revient avec un septième album très réussi. Le trio, composé des membres fondateurs Brian Molko et Stefan Olsdal, a été rejoint par le jeune batteur Steve Forrest en 2008.

Pourquoi vous a-t-il fallu autant de temps pour réaliser cet album?

Brian Molko: Nous avons mis du temps à trouver la bonne énergie, la bonne méthode de travail. Il a fallu qu’on se pose beaucoup de questions pour arriver à comprendre qu’on devait arrêter de se poser des questions.

Est-ce que la tension est montée entre vous pendant cette période de doutes?

(Silence, puis rires) Brian Molko: Bon, on ne va pas s’étendre là-dessus. Il y a eu des hauts et des bas entre nous. Puis on a tout mis à plat pour repartir de l’avant.

Vous n’avez pas pensé à vous séparer?

(Nouveau silence) Brian Molko: Il y a des couples libres où les conjoints gardent pour eux leurs infidélités, par respect de l’autre…

Oui. Et?

Brian Molko: Je ne sais plus où je voulais en venir. De toute façon, on ne peut pas comparer Placebo à un couple. On est plutôt une famille. On s’aime, on se déteste. On ne se supporte plus mais on se connaît si bien qu’être ensemble est aussi très confortable par moments, et très fort parfois.

Mais on ne choisit pas sa famille. Vous, vous vous êtes choisis.

Brian Molko: Nous sommes une famille recomposée, une famille moderne.
Steve Forrest: Ne dis pas que je suis le gosse, pitié.
Brian Molko: Et on a un ado rebelle.
Steve Forrest: Je te hais.

Comment expliquez-vous votre succès en France, où vous avez parfois vendu plus de disques qu’en Angleterre?

Stefan Olsdal: La France est un pays où nous avons toujours été bien accueillis, peut-être parce que Brian parle français couramment. Je crois que les Français sont moins attachés que les Anglais aux modes dans la pop. Comme nous avons toujours été à contre-courant…

Dans les années 1990, vous étiez à la mode.

Brian Molko: Malgré nous.
Stefan Olsdal: Nous étions plus jeunes et nous n’accordions pas d’attention à la mode, nous faisions la musique que nous inspirait l’époque et nous étions les fruits de cette époque. Tout ça était naturel.

Et aujourd’hui, c’est plus compliqué pour vous de suivre la mode?

Brian Molko: Nous écoutons ce qui se fait, nous distinguons des modes, comme tout le monde. Mais cela n’affecte pas notre musique. Si nous avions essayé de suivre la mode sur cet album, il aurait sonné comme un album de 2010… Parce que nous sommes assez lents.
Stefan Olsdal: Brian ne veut pas sous-entendre que nous sommes vieux, attention.

Pourtant, à part Steve, vous n’avez pas profité de votre venue à Paris pour faire la fête. Vous êtes plutôt sages pour des rock stars.

Brian Molko: Il y a peut-être eu une époque où nous étions plus dévergondés. Maintenant, nous sommes assez sages, c’est vrai. Mais je ne crois pas que notre musique le soit.

Sage, non. Mais un peu triste tout de même…

Stefan Olsdal: Pourtant nous faisons des chansons d’amour.

D’amours tristes.

Brian Molko: Oui, de façon incroyablement originale, nous sommes inspirés par les sentiments amoureux éprouvants. Croisons les doigts pour que l’amour soit encore à la mode en 2013.