Quand la presse américaine (sur)analyse le twerking de Miley Cyrus

Quand la presse américaine (sur)analyse le twerking de Miley Cyrus

MEDIAS – Le numéro de provoc de Miley Cyrus qui a scandalisé l'Amérique lui a aussi inspiré toutes sortes d'analyses qui continuent, quatre jours plus tard, d’alimenter la presse américaine...
Miley Cyrus aux MTV Video Music Awards, le 25 août 2013 à New York.
Miley Cyrus aux MTV Video Music Awards, le 25 août 2013 à New York. - Charles Sykes/AP/SIPA
Annabelle Laurent

Annabelle Laurent

La prestation de Miley Cyrus lors des MTV VMA's 2013 a choqué. Provoqué 306.000 tweets par minute, un record absolu. Et beaucoup inspiré. Journalistes, éditorialistes, blogueurs: chacun y est allé de son interprétation. Au final, qu’est-ce qui choque? Pourquoi? De quoi le «twerk» est-il le nom? La presse américaine y est allée de ses explications…

Une claque aux parents et «un freak show»

Il y a d’abord eu les réactions indignées des médias conservateurs, comme celle-ci signée de Fox News: «Résumons: Britney, Lindsay et maintenant Miley. Disney fabrique des épaves avant qu’MTV ne donne une bonne claque aux parents américains en faisant parader leur "freak show" devant leurs enfants». Puis rapidement, d’autres médias ont pris le contre-pied.

«Soyons réalistes»

«Rendez-vous dans n’importe quelle boîte de nuit des Etats-Unis un samedi soir et vous verrez des jeunes filles faire exactement ce que Miley Cyrus a fait sur scène», écrit Tom Hawking de Flavorwire. «Soyons réalistes. Une jeune fille de 20 ans a peu de chances d’être vierge et innocente. Miley vous choque? Vous avez bien regardé votre fille de 15 ans récemment? Son ventre nu, ses sous-vêtements apparus et sa jupe qui ne couvre pas forcément ses fesses?», acquiesce un professeur de sociologie sur CNN, dans un article titré «Miley Cyrus a une sexualité, il faut vous y faire».

«Ils ne prouvent à personne qu’ils sont adultes»

Article jugé horripilant par une écrivaine et blogueuse du Huffington Post qui rétorque: «Booster l’égo d’une jeune fille de 20 ans en assurant que tout ce qu’elle fait est osé, "limite" et même pseudo-artistique ne fait rien pour aider les femmes. Son incapacité à garder à langue dans sa bouche (…) n’est pas ce qu’on appelle contrôler sa sexualité, c’est vouloir choquer (…). Les Bieber, Miley et Demi (Lovato, ndlr) ont grandi et veulent le prouver. Mais ils ne le prouvent à personne. Ils prouvent qu’ils sont malavisés et perdent prise, et ce devant des millions de gens», écrit-elle.

Cette prestation «n’aide pas les femmes à s’épanouir dans leur sexualité. Bien au contraire. La plupart des femmes ne veulent pas attirer l’attention sur leur sexualité. Elles veulent juste pouvoir la vivre sans honte.» «La révolution sexuelle devait émanciper les femmes et non les sexualiser en réduisant leur valeur à la façon dont elles peuvent tournoyer et gigoter», renchérit une ex-journaliste fondatrice de Womenfound.

«Si Miley vous choque, ne regardez pas»

«Les prestations des VMAS étaient-elles douteuses et de très mauvais goût? Absolument. Ont-elles marqué la fin de la civilisation? Absolument pas», s’agace CNN, qui ajoute «Si Miley Cyrus vous choque, ne regardez pas». «L’ironie de tout ça étant que l’indignation générale a encouragé les ados à voir de quoi il s’agissait sur YouTube. Leur interdire de regarder provoque exactement le contraire.»

«Essayez de ne pas faire attention (…) Miley insulte notre intelligence en pensant qu’un piège aussi évident nous scandaliserait. Ne la laissez pas gagner», renchérit Amanda Marcotte sur Slate.

Une autre polémique nous a échappé de ce côté-ci de l’Atlantique: «Raciste», la prestation de Miley? «Sa performance montre non seulement l’utilisation idiote de la culture black pour prouver qu’elle est subversive mais aussi le crédit apporté par l’industrie du divertissement à son idiotie. Comment personne n‘a-t-il pu remarquer qu’offrir de voluptueux danseurs noirs aux claques de Cyrus était injurieux?», écrit Kia Makarechi du Huffington Post.

«Quand vous entendez que certains pensent qu’elle s’est approprié la black culture sans en avoir la légitimité, cela donne la mesure de l’ignorance et de la discrimination encore considérés comme acceptables en 2013», se désole de son côté le Washington Post.