Le tube «Blurred Lines» dégradant pour les femmes? Robin Thicke assume
POLEMIQUE•Aux Etats-Unis, les féministes reprochent au texte et au clip de Robin Thicke de célébrer l'emprise des hommes sur les femmes. Le chanteur campe sur ses positions...Annabelle Laurent
Il est, avec «Get Lucky» de Daft Punk, l’incontournable tube du moment. «Blurred Lines» et sa mélodie entêtante rythmera à coup sûr vos soirées de l’été. Mais peut-être n’avez pas réfléchi au sens des paroles, ni vu le clip. «“I know you want it, you’re a good girl» n’évoque pas franchement la notion de consentement à l’activité sexuelle…» dénoncent les féministes outre-Atlantique, pas moins indignées par les images du clip, où de jeunes mannequins déambulent topless, en talons et petite culotte, autour de Thicke, T.I. et Pharell Williams, en étant ainsi «clairement utilisées comme des objets pour renforcer le statut des hommes dans la vidéo», s’indignent-elles.
«Je n’ai jamais eu l’occasion de dégrader les femmes»
Ce qu’en a à dire Robin Thicke, qui accumule malgré tout 66 millions de vues sur YouTube et squatte les tops des ventes depuis des semaines? «On a essayé de faire tout ce qui était tabou. La bestialité, la consommation de drogue et tout ce qui transige les règles concernant les femmes. Parce qu’on est tous les trois mariés avec enfants, on se disait "On est les mecs parfaits pour se moquer de ça"», a expliqué le chanteur dans une interview à GQ.
«Les gens me demandent "Tu penses que ton clip est dégradant pour les femmes?" Je réponds «bien sûr que ça l’est. Quel plaisir c’est, de dégrader les femmes. Je n’en ai jamais eu l’occasion avant. Je les ai toujours respectées», poursuit-il, avant d’expliquer avoir voulu montrer «comme les femmes et leurs corps sont magnifiques». Et qu’il était ainsi «normal que les hommes leur tournent autour».
Des propos pour le moins surprenants, et dont le second degré, s’il existe, est bien caché. «C’est fou», commente Diane Martel, la réalisatrice du clip, interviewée par Le Huffington Post. «Peut-être qu’il n’a pas réfléchi à ce qu’il a dit.» Elle raconte s’être inspirée du travail d’Helmut Newton qu’elle «adore». Le travail du photographe lui aurait donné l’idée de ne faire porter aux mannequins que des chaussures.
«Je ne pense pas que la vidéo soit sexiste», tranche-t-elle. «Je voulais aborder ces paroles misogynes de telle façon que dans la vidéo, les filles domineraient les hommes. Regardez la performance d’Emily Ratajkowski. C’est très très drôle et subtilement tourné en dérision. C’est ce qui me semble neuf. Ça force aussi les hommes à être joueurs plutôt que prédateurs», estime la réalisatrice. «J’ai demandé aux filles de regarder la caméra droit dans les yeux, c’était très intentionnel. Elles sont en position de pouvoir. Les paroles sont ridicules et les mecs sont complètement stupides!»