Le mot de l’année est «Mensonge(s)»
EXCLUSIF – Le Festival du mot a fait voter plus de 75.000 personnes dans 84 pays…Benjamin Chapon
Vous avez voté et choisi le mot «mensonge(s)» comme mot de l’année. En partenariat avec le Festival du mot, France Inter et TV5 Monde, 20 Minutes a proposé à ses internautes d’élire «le mot de l’année». «Mensonge(s)» succède ainsi à «changement».
«On oublie souvent l’origine du mot «mensonge», analyse Alain Rey, président d’honneur du jury du Festival du mot. Il s’agit à la fois de ne pas dire la vérité, mais également d’imaginer, de créer une réalité purement avec son esprit. Les romanciers sont les plus grands menteurs.»
Parallèlement au public, un jury de gens de lettres a choisi d’élire, parmi la même liste de douze mots, «transparence». «Le jury a préféré le remède au mal, analyse Alain Rey. Le public retient l’aspect très négatif du «mensonge», le jury a choisi, en réaction, la «transparence». C’est un mot plus positif mais qui a, lui aussi, plusieurs sens, notamment poétique. Ce qui est amusant c’est qu’il n’y a pas de transparence absolue. S’il n’y a pas de lumière par exemple, le cristal le plus pur ne sert à rien. Par ailleurs, une personne transparente est une personne qu’on ne considère pas, qu’on ne voit pas. Le «mensonge» est finalement plus spirituel.»
«Mensonge» à l'américaine
Si le public et le jury ont évidemment songé à l’actualité, notamment politique et économique de ces derniers mois, au moment de choisir leurs mots de l’année, Alain Rey note que l’appréhension de la notion de «mensonge» par les votants se rapproche de plus en plus de la pensée américaine «où le fait de mentir est plus grave qu’un mauvais acte reconnu. Je pensais les Français un peu fascinés par les escrocs habiles. Mais c’est vrai que quand on a un pouvoir, en particulier politique, le mensonge peut être dangereux. La gravité sociale du mensonge est plus grande que la gravité individuelle. Les détenteurs de la parole publique sont effectivement des gens dangereux.»
A la rédaction de 20 Minutes, nous avions un petit faible pour «couac» et «anaphore».