Après la victoire de Yoann Fréget, l’avenir des anciens de «The Voice» est flou
TELECROCHET – L’émission de TF1 s’est achevée samedi soir avec de nombreuses interrogations sur l’avenir professionnel des candidats…Benjamin Chapon
Les coachs n’ont eu de cesse de le répéter samedi soir lors de la finale de «The Voice», l’important dans tout cela n’est pas forcément de devenir une star mais de «pouvoir vivre de sa passion.» C’est ce que Jenifer a souhaité à Olympe, grand perdant de la soirée. Nuno Resende et Yoann Fréget, eux, sont des professionnels de la musique depuis plusieurs années. Quand à Loïs, elle est, comme Louane sa consœur de l’équipe de Louis Bertignac, déjà en pourparlers avec une maison de disques pour un futur album.
Stars par intermittence
Depuis le retour en grâce des télécrochets, initié l’an dernier par le succès de la première édition de «The Voice», la crise du disque a fait ressentir ses effets. On ne fait plus, comme leur nom ne l’indique pas, «Star Academy», «Nouvelle Star» ou «Popstars» pour devenir des stars mais pour être des intermittents du spectacle aux revenus à peu près corrects.
Cette tendance est apparue avec «The Voice» qui, à l’instar de «Top Chef» dans le domaine de la téléréalité culinaire, compte de nombreux candidats déjà professionnels. Cette année, outre Nuno Resende, Emmanuel Djob, Ralf Hartmann, Thomas Vaccari, Luc Arbogast, Rachel Claudi et Diana Espir, comme près de 50% des candidats retenus, étaient déjà artistes professionnels.
Une rampe d’accès plutôt qu’un tremplin
«On ne parle plus de ces émissions comme des détonateurs ou même des accélérateurs de carrière, confirme Mathieu Grelier, producteur de «The Voice». Mais quand ils sont passés par chez, les maisons de disques ont la certitude qu’ils savent gérer leur énergie. Ça rassure les majors de savoir que l’artiste peut assurer des shows pareils.»
Pour Jenifer, «The Voice» est l’occasion de «se faire un réseau avec les autres candidats, les coachs ou les musiciens de l’orchestre.» Garou confirme : «Quand on passe par là, on décroche des cachets.» Louis Bertignac est le coach qui sait le mieux faire jouer ses relations pour aider ses petits protégés: «On n’invente pas les talents mais on peut les accompagner, un peu.» Vigon, l’une des révélations de la saison 2012, en est la preuve vivante.
Des carrières pas «vues à la télé»
«On dit souvent que les anciens candidats retombent aussitôt dans l’oubli, explique Florent Pagny. C’est vrai qu’ils ne feront plus jamais dix directs d’affilée sur TF1, mais on peut être musicien sans passer tout le temps à la télé.» Le coach n’a pas été tendre avec son ancien poulain, Stéphan Rizon, vainqueur l’an dernier mais dont le premier album a été un échec commercial. Pour autant, il sait comme ses collègues que bien des carrières se font loin du star system.
A Universal, qui produit les albums des vainqueurs de «The Voice», on argue du fait que Stéphan Rizon fait beaucoup de concerts et que sa carrière se construira peut-être sur la longueur. La major a ainsi choisi de faire enregistrer à la jeune Sophie-Tith, dernière lauréate de «Nouvelle Star», un album de reprises plutôt que des compositions originales. «Il faut savoir prendre son temps avec les artistes en devenir, explique un directeur artistique. On sait que le public les apprécie mais pour le reste, artistiquement, tout reste à faire, à définir. Le label «vu à la télé» ne suffit pas.»
Yoann Fréget n’a pas explosé de joie samedi soir à l’annonce de sa victoire. Sans doute sait-il, en bon professionnel, qu’une carrière musicale est un long chemin.