Et au fait, c'est quoi un vrai «geek»?
CULTURE•Alors que s'ouvre dans un mois la première édition de Geekopolis, festival dédié à la culture geek, «20 Minutes» fait le point sur un terme souvent employé à tort et à travers...Anaëlle Grondin
«Geek»: nom masculin d’origine anglo-saxonne. Prononcez «guik». Pour le Petit Larousse, qui a intégré le mot en 2010, il s’agit d’«une personne passionnée par les technologies de l'information et de la communication, en particulier par Internet». Une définition particulièrement vague, qui est complétée ainsi sur le site Internet du Larousse aujourd’hui: «Fan d’informatique, de science-fiction, de jeux vidéo, etc., toujours à l’affût des nouveautés et des améliorations à apporter aux technologies numériques.» De son côté, Wikipédia imagine l’archétype du geek comme «un adolescent passionné d’électronique, d’informatique». «Les geeks ne sont pas fans des étiquettes, sourit Cyril Villalonga, l’un des initiateurs de Geekopolis, festival dédié à la culture geek qui se tiendra au mois de mai à Montreuil, près de Paris. Aujourd’hui on se retrouve avec différentes définitions. C’est difficile de définir un cadre. Il y a ce côté nouvelles technologies, univers fantastique, jeu de rôle, mais aussi la passion du rêve et de l’imaginaire.»
Quelqu’un qui connaît sur le bout des doigts l’univers de Star Wars et celui du Seigneur des anneaux peut-il être considéré comme «geek»? «Le phénomène Star Wars et le phénomène Seigneur des anneaux ont touché tellement de monde. Je pense qu’être "geek" c’est une succession d’éléments. C’est-à-dire: est-ce que cette personne lit aussi des comics, est-ce qu’elle aime aussi certains romans sur la science-fiction? Cela va lui permettre de savoir si elle fait partie de la culture "geek", estime Cyril Villalonga. Je connais des gens qui sont fans de Star Wars et qui ne vont pas s’intéresser à d’autres univers. Je pense qu’il ne faut pas prendre en compte un seul élément, même si Star Wars fait évidemment partie de la culture "geek".»
«Des gens très ouverts d’esprit»
Il y a quelques années encore, cette sous-culture des années 1960 et 1970 était encore un peu obscure. Et lorsqu’elle a émergé, les mots «geek»et son cousin «nerd» étaient à la limite de l’insulte. «Le geek a eu un véritable effet de mode récent. D’ailleurs les médias ont cru qu’ils étaient en train d’exploser en nombre, mais pas du tout. Ce qui s’est passé c’est qu’il y a eu une vague de médiatisation, assure Cyril Villalonga. Il y a eu un reportage sur Canal+, par exemple, qui s’appelle "Suck my geek", dans lequel ils montraient des icônes geeks très positives, comme Alexandre Astier, le créateur et acteur de la série "Kaamelott", ou comme John Lang, le créateur de Naheulbeuk, qui avant était une niche car c’était une saga audio en mp3, et qui pourtant commence à avoir une véritable notoriété.»
Selon l’organisateur du festival Geekopolis, cette vague de médiatisation a eu un effet positif: faire sortir le «geek» du «stéréotype de l’adolescent boutonneux complètement asocial et qui vit devant son ordinateur». «On s’est aperçu en fait qu’il y avait une multitude de familles, de gens qui se passionnaient pour la culture de l’imaginaire et qui sont, au contraire, des gens très ouverts d’esprit», déclare-t-il.
«Il n’y a aucune satisfaction à être dans un phénomène de mode»
Arte avait diffusé l’an dernier un documentaire assez bien fait intitulé «La revanche des geeks», qui relatait la montée en puissance de la culture «geek», notamment avec l’arrivée d’Internet. Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, ou encore Steve Jobs, le cofondateur d’Apple, sont cités comme des exemples de réussite. Des «geeks» qui sont parvenus à prendre le pouvoir. «C’est pas forcément les stéréotypes dont on est le plus fan. C’est les médias qui l’ont vu comme une revanche parce qu’il y a cette idée que les geeks ont souffert quand ils étaient à l’école d’être marginalisés. Mais ils l’ont toujours bien vécu au final, et ils sont épanouis», Cyril Villalonga en est convaincu. «Je ne pense pas qu’il y ait besoin d’une revanche aujourd’hui. Il n’y a absolument aucune satisfaction à être dans un phénomène de mode.»