Aufgang ou Pantha du Prince? L’électro, façon cloches ou pianos?

Aufgang ou Pantha du Prince? L’électro, façon cloches ou pianos?

MUSIQUE – Dans leurs albums respectifs «Istiklaliya» et «Elements of Light», Aufgang et Pantha du Prince intègrent des instruments acoustiques et traditionnels aux boites à rythmes…
Joël Métreau

Joël Métreau

La techno, une musique terne, aseptisée, un langage monochrome de machines? Si elle plonge ses racines dans la musique industrielle conçue par les Allemands de Kraftwerk dans les années 1970, elle s’est depuis affranchie des synthés et boîtes à rythmes. L’Américain Jeff Mills, un des fondateurs de la techno de Detroit, s’était même amusé à faire interpréter ses compositions par l’orchestre philarmonique de Montpellier en 2005.

The Bells par Jeff Mills et par l’orchestre philarmonique de Montpellier



The Bells, un classique de la techno qu’avait repris Francesco Tristano au piano... Ce musicien trentenaire, de formation classique, est membre du groupe français Aufgang qui sort ce lundi son second album, Istiklaliya. Leur particularité, une formation deux pianos-une batterie, influencée par le jazz, le rock, et aussi la techno. Francesco se souvient: «Rami Khalifé et moi on faisait des duos de deux pianos, de longues parties improvisées et minimalistes, qui s’appropriaient pas mal de musique techno. C’était naturel que la prochaine étape intègre synthés, séquenceurs et sampleurs.» C’était leur premier album, avec des pianos maltraités de manière à en tirer des sonorités inédites. Leur second prolonge la célébration du rythme. «Quand le public danse en concert, c’est que le message est passé, sourit Rémi Khalifé. On crée de la musique festive, ce qu’on n’associe pas d’ordinaire aux pianos.»

Le morceau Kyrie de Aufgang, extrait de leur album Istiklaliya



De son côté, l’Allemand Hendrik Weber – sous le pseudo Pantha du Prince sur la scène électro - s’est lancé dans un projet plus fou, avec des instruments sur lesquels on s’imagine davantage prier que danser. Celui de faire sonner les cloches sur le beat. L’idée lui est venue à Oslo, en Norvège, lorsqu’il a entendu le carillon de l’hôtel de ville, un instrument qui a déjà joué Les Feuilles mortes ! «J’ai une fascination pour les carillons, qu’on entend beaucoup utilisés dans les espaces publics, notamment par les religions», explique-t-il. Sur l’album Elements of Light, avec cinq musiciens spécialisés, «The Bell laboratory», il a consacrés les cloches au rituel plus païen du clubbing. Au cœur de son dispositif, entre cloches tubulaires et gongs, un carillon de 50 cloches de bronze. Il vient de Copenhague et pèse 3 tonnes! Pour les concerts en Europe, il vient par la route, par camion», raconte-t-il.

Le clip de Spectral Light, par Pantha du Prince & The Bell laboratory



Mais pas facile d’utiliser ce monstre sonore. «C’est un vrai challenge. L’instrument est énorme, et les sons éloignés les uns des autres, explique Hendrik Weber. L’emplacement des micros est d’autant plus important, pour éviter que les notes soient brouillées. En live, l’auditeur, lui, reçoit beaucoup d’informations, c’est pour cela que c’est physique, car on assimile un large panel de fréquences», remarque Hendrik Weber. Un défi aussi pour Aufgang de mêler les instruments. «Cela devient compliqué au niveau du son dès qu’on commence à mixer des éléments acoustiques et électroniques, confie Francesco Tristano. A priori, ce sont deux mondes qui ne se parlent pas au niveau des ondes sonores, mais nous avons essayé de les faire se rejoindre.» Un dialogue énergique et enthousiasmant.

Pantha du Prince et Aufgang en concert

Pantha du Prince & The Bell Laboratory seront en concert le samedi 11 mai aux Nuits Sonores, à Lyon. Le groupe Aufgang jouera le mardi 16 avril au Trabendo à Paris, le 24 avril à l’Aeronef Club de Lille et le samedi 27 avril au Printemps de Bourges.