The Lumineers, Alt J, Vampire WeekEnd: Des succès pop inopinés, et après?
•MUSIQUE – Tout n’est pas rose pour les petits groupes pop qui rencontrent le succès…Benjamin Chapon
«Notre titre a commencé par passer sur une radio locale, puis sur une radio régionale, puis sur une radio nationale, puis sur toutes les radios… C’était dingue.» Nelly Pekarek du groupe américain The Lumineers ne le sait peut-être pas mais leur titre «Ho Hey» tourne aussi en boucle sur les radios françaises. «Parmi mes amis, personne n’écoute la radio. Tout le monde écoute de la musique sur Internet maintenant. Mais ça nous a permis de nous faire remarquer. Du coup, on a signé dans une maison de disques et on a pu faire une longue tournée.» Le succès phénoménal de ce groupe d’americana propret a bluffé l’industrie musicale l’an dernier. Tout comme celui d’Alt J, groupe britannique dont le premier album a recueilli les honneurs, dont le prestigieux Mercury Prize, et un succès populaire partout en Europe.
Pour ces groupes pas vraiment calibrés pour cartonner dans les charts, c’est-à-dire dont le triomphe s’est fait sans les stratagèmes marketing des majors, le succès change beaucoup de choses. «On a passé tellement de mois tous les quatre dans nos chambres d’étudiants à bidouiller notre musique que la présenter sur scène, devant des milliers de gens semble un peu irréel», explique Gus de Alt-J. Et ça se voit, les quatre Anglais ont ainsi du mal à donner du corps, sur scène, à leurs merveilleuses mélodies pop.
Quel avenir après le top?
Pour The Lumineers, à l’excellente réputation scénique, l’équation est différente. Leur succès pose la question de l’évolution du groupe. «Nous avons chacun nos goûts et nos influences, explique Nelly Pekarek. Quand on s’est rencontrés, on a défini notre couleur musicale, la folk americana. Je ne crois pas qu’on puisse s’en éloigner pour l’instant. On écoute plein de musiques différentes, comme tout le monde aujourd’hui. Y-a-t-il encore des gens qui n’écoutent que de la pop ou que de la soul ou que du jazz? J’aime Bach et l’électro, j’adore Janis Joplin et Rihanna. Mais par souci de cohérence, The Lumineers doit avoir un son et s’y tenir. Les gens qui viennent nous écouter ne veulent pas entendre du hard rock.»
Le groupe new yorkais Vampire WeekEnd a eu le même cas de conscience. Alors que sortira en avril leur troisième album, «Modern Vampires of the City», Rostam Batmanglij confie: «Le succès nous a donné une confiance, un certain confort mais également une pression. Nous voulions nous renouveler parce qu’on aime passionnément innover en musique. En même temps, le public était tombé amoureux d’un son, de la voix d’Ezra. On ne pouvait pas tout bouleverser.» Voilà pourquoi le groupe a annoncé que cet album à venir serait le dernier d’une trilogie. «On a trouvé ce moyen pour annoncer qu’à l’avenir on partira peut-être dans une toute nouvelle direction musicale. Ou peut-être pas. On se laisse juste cette liberté.»