Etes-vous plutôt Beatles ou Rolling Stones?
CULTURE•On refait le match...Benjamin Chapon et Anne Demoulin
Scène gênante: les adultes s'écharpent sur le thème «Plutôt Beatles ou Rolling Stones»* quand l'ado déclame dans un bâillement de mépris: «Hein? Qui?». Eh oui, «Love Me Do», premier single des Beatles, est sorti il y a cinquante ans tout juste. «Han, genre à l'époque de Mozart et tout.» Pour expliquer à nos jeunes incultes sa portée universelle, voici un reboot 2012 du plus vieux duel de l'histoire du rock.
iPhone vs Galaxy
Les Beatles partagent avec Steve Jobs un goût certain pour la pomme. Un litige opposera ainsi Apple Corps (la holding du groupe) à Apple Computer de 1978 à 2006. Les Stones, des challengers comme le Galaxy, enregistrent leur premier disque en pleine Beatlemania. Leur manager, Andrew Loog Oldham, leur crée une image de bad boys pour se démarquer des gentils Fab Four. Côté public, deux camps. Lennon déclare en décembre 1967 à propos de la pochette de Their Satanic Majesties Request : «Les Stones font tout six mois après nous» (Sgt. Pepper était sorti en juin). Côté backstage, Andrew Loog Oldham a débuté avec Brian Epstein, le manager des Beatles, Lennon et McCartney composent le premier tube des Stones, «I Wanna Be Your Man». Et la poupée Shirley Temple sur la pochette de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band porte la mention «Welcome the Rolling Stones».
OM vs PSG
La fameuse opposition Paris-province… Les Beatles, sans être des bouseux, viennent de Liverpool, qui, outre un port et une identité ouvrière, possède un club de foot historique. Les Stones, eux, sont de purs Londoniens qui ont commencé dans le pub Bricklayer's Arms sur Berwick Street. Puis ils sont devenus des icônes fashion, amis des people. Plutôt PSG en somme… Moins paillettes, les Beatles sont très attachés à Liverpool où l'on peut suivre un master « The Beatles, Popular Music and Society » et où Mc Cartney a fondé la LIPA, une école d'art.
«Mad Men» vs «Breaking Bad»
Des mystérieuses rumeurs autour de la mort de Brian Jones aux descentes de police au domicile de Keith Richards, le parcours des Stones évoque souvent les meilleurs moments de «Breaking Bad», la série où le héros, prof de chimie rangé, se met à fabriquer et à vendre de la drogue. Mais derrière le costume-cravate impeccable des Beatles façon «Mad Men» – la saga qui décrit le milieu de la publicité à New York durant les sixties –, les Fab Four n'étaient pas en reste. Amphétamines au Star Club de Hambourg, premiers joints lors de la rencontre avec Bob Dylan et surtout LSD. Paul McCartney a d'ailleurs été la première rock star à dire à la presse qu'il en prenait en 1967.
Téléchargement vs streaming
Légal, quoi qu'il en soit. Même si les Beatles comme les Rollings Stones ont eu maille à partir avec les forces de l'ordre à plusieurs reprises, ils sont tous adeptes du copyright respecté. Rapport à l'argent, tout ça… Si vous préférez télécharger méthodiquement des albums, vous êtes plutôt Beatles. Parce que leur discographie (comme leur carrière) est finie et point trop pléthorique (13 albums). En revanche, si telle l'abeille facétieuse, vous picorez la musique en streaming au gré des tubes et des coups de cœur, vous êtes plutôt Stones, groupe à tubes disséminés dans des albums inégaux.
Twitter vs Facebook
Les Beatles sont définitivement les maîtres du buzz en moins de 140 signes: «Nous sommes plus populaires que Jésus. Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier: le rock'n'roll ou le christianisme» ou encore «Comment avez-vous trouvé l'Amérique? En tournant à gauche au Groenland.» Anita Pallenberg, Angelina Jolie, Jerry Hall, Carla Bruni, Marianne Faithfull, Madonna et surtout David Bowie… Avec autant de conquêtes au compteur, Mick Jagger fait, quant à lui, les beaux jours des gossips sur Facebook.
*Sachant qu'une fois pour toutes, la bonne réponse est: «Je suis plutôt Kinks.»