De notre envoyé spécial à Auckland,

Depuis le début de la Coupe du monde, Sonny Bill Williams subit la jurisprudence Chabal. C’est à dire une exposition médiatique inversement proportionnel au nombre de ses titularisations. Comme face au Japon, SBW va regarder le début de Nouvelle-Zélande – France depuis le banc des remplaçants. Après ses deux premières sorties, l’ancien treiziste a de quoi l’avoir en travers la gorge. Titulaire très convaincant contre les Tonga, il a ensuite marché sur l’eau face aux Japonais lors des 35 minutes disputées à un inhabituel poste d’ailier. «Il a envoyé un message, il a inscrit deux essais, en a offert un, il a aussi bien défendu. Il a fait un match positif, c'est digne d'intérêt pour les sélectionneurs», concédait Graham Henry après la rencontre.

Mais le rugby reste d’abord une affaire de complémentarité et le sélectionneur néo-zélandais a préfèré au génie individuel de SBW, l’alchimie de la paire Ma’a Nonu / Conrad Smith. Ce dernier est l’anti Williams par excellence. Quand Smith couple sa carrière de rugbyman avec celle d’avocat, l’ancien toulonnais lui met les gants comme boxeur professionnel (pour quatre victoires en quatre combats). Cette lubie n’arrange pas sa réputation de joueur plus préoccupé par sa carrière (et son porte-monnaie) que par le maillot frappé de la fougère.

Un corps qui fascine

Comme Henry, la Nouvelle-Zélande ne sait donc trop quoi penser de ce garçon au talent et au physique hors-norme (1m90 pour 111 kilos de muscles). D’un côté Williams est de toutes les campagnes de publicitaires, alimente tous les débats et les fantasmes. Le New Zetland Herald est même allé jusqu’à consacrer une page à ses abdominaux taillés dans le roc avec cette question existentielle : «Comment obtenir un corps comme ça?»

Sonny Bill William lui a une autre question en tête. Comment gagner une place de titulaire avec les Blacks? Si la paire Nonu-Smith répond aux attentes face aux Bleus, son avenir dans cette Coupe du monde ressemble à celui d’un super-remplaçant. Un remplaçant capable de réinventer le rugby avec ces fameuses passes après contact d’une main («offloads») qui cartonnent sur les sites de partage de vidéo. Mais être une star sur YouTube n’offre pas un une place de titulaire. Demandez plutôt à Sébastien Chabal.

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