CINEMALe succès d'«Intouchables»: un mal ou un bien pour les autres films?

Le succès d'«Intouchables»: un mal ou un bien pour les autres films?

CINEMALe film d'Eric Toledano et Olivier Nakache a dépassé le nombre d’entrées de la «Grande Vadrouille». Pendant que le film reste en salles, que deviennent les autres?
Charlotte Pudlowski

Charlotte Pudlowski

889: c’est le nombre – énorme – d’écrans sur lesquels on peut encore voir Intouchables en France, en neuvième semaine d'exploitation. 889 écrans occupés par le film, qui a dépassé la Grande Vadrouille en terme de nombres d’entrée, c’est autant d’écrans en moins pour les autres films. Intouchables ferait-il donc du mal au cinéma?

«Cela nuit aux nouveaux films, c’est évident», concède un directeur de salle parisienne, qui a toujours Intouchables à l’écran. «Depuis la sortie d’Intouchables, nous avons décidé de le reconduire chaque semaine, et nous n’arrêterons pas tant que l’on ne sentira pas de lassitude des spectateurs», poursuit ce directeur. «En revanche, dès que les entrées ont légèrement baissé, on l’a passé de notre plus grande salle à une salle de capacité plus limitée».

>> L’interview d’Olivier Nakache, à lire par ici…

Dans ce cinéma de trois salles, c’est donc Hollywoo qui en a pâti. Le film avec Florence Foresti et Jamel Debbouze, dont on pouvait supposer qu’il toucherait le même type de public, n’a tout simplement pas été programmé. «Il fallait faire un choix», avance le directeur. «Intouchables bénéficie au cinéma en général, mais pas forcément aux autres films».

Du moins pas pour les films qui sortent a posteriori. «Mais ce que l’on appelle ‘l’effet Intouchables’, nuance Alain Roulleau, directeur du Studio 28, c’est que le film fait venir en salles des gens qui n’allaient plus au cinéma depuis des années. Et cela peut leur redonner le goût du spectacle». Autrement dit, pour ce cinéma, le plus vieux de Paris, Intouchables a été programmé il y a seulement deux semaines, aux côtés de The Artist, Carnage, The Lady et Shame. Et certains spectateurs, «voyant les affiches et les bande-annonces d’autres films, ont eu envie de revenir», explique Alain Roulleau. «Quand un film rameute ainsi en masse les spectateurs, c’est toujours, nécessairement, une bonne nouvelle pour le cinéma».

Une bonne nouvelle dont la France ne sera pas seule à bénéficier. Intouchables est déjà un succès en Suisse et en Belgique, et s’apprête à gagner le reste de l’Europe. Et pourrait bien conquérir les Américains… S’ils ne trouvent pas le film raciste…