Quand le cinéma pique sa crise
•société Trois films de cette semaine évoquent une époque marquée par la précarité économiqueCaroline Vié
La crise est aussi sur les écrans, avec pas moins de trois œuvres cette semaine, aussi fortes que singulières. Leur seul point commun ? Montrer des personnages entiers résolus à ne pas se laisser happer par un système broyant les plus faibles.
De la résistance à la folie
Dans Une vie meilleure, Cédric Kahn évite tout misérabilisme pour décrire la descente aux enfers et la lente renaissance d'un couple endetté qui a tenté d'ouvrir un restaurant. « Ils vont s'en sortir car leur force les sauvera. C'est le message que je veux faire passer dans mon film : la solidarité peut vaincre l'adversité car il existe d'autres valeurs que celles du capitalisme », explique le réalisateur qui dirige un duo de rêve : Guillaume Canet et Leila Bekhti. Si son sujet ancré dans une actualité douloureuse peut effrayer, cette chronique optimiste prend la réalité à bras-le-corps sans déprimer tant la vitalité des héros se communique au film tout entier. Il en est de même pour Louise Wimmer, qui donne son titre à la première fiction du documentariste Cyril Mennegun. Corinne Masiero, première révélation de ce début d'année, incarne cette quadragénaire vivant dans la précarité, sans baisser les bras, ni perdre une once de dignité. On tombe facilement en amour pour cette femme courageuse que le réalisateur filme dans son combat quotidien au rythme des chansons de Nina Simone. Contrairement à elle, le papa de Take Shelter, grand prix de la Semaine de la critique réalisé par Jeff Nichols, fuit dans la paranoïa en construisant un abri à sa famille qu'il croit menacée par un cataclysme, métaphore d'une période turbulente où les emplois peuvent disparaître du jour au lendemain, comme soufflés par la tempête.