Soderberg, bien dans sa bulle
Steven Soderbergh a retrouvé son goût pour l'aventure cinématographique. Tourné en numérique pour un budget de misère de 1,6 million de dollars, écrit, monté et photographié par le réalisateur caché sous divers pseudonymes... Bubble est plus proche d...©2006 20 minutes
Steven Soderbergh a retrouvé son goût pour l'aventure cinématographique. Tourné en numérique pour un budget de misère de 1,6 million de dollars, écrit, monté et photographié par le réalisateur caché sous divers pseudonymes... Bubble est plus proche d'expériences comme Schizopolis ou Full Frontal que de réalisations pharaoniques tel Ocean's Eleven. C'est dans l'usine de jouets d'une petite ville du Midwest que se noue, tout en douceur, une intrigue tragique entre un ouvrier mollasson, une collègue plus âgée et une nouvelle employée un peu paumée. Soderbergh fait évoluer leurs rapports avec pudeur jusqu'à un drame dépeint avec une retenue plus marquante qu'un festival d'effets gore. Tel le poignant regard de la femme d'âge moyen, non fumeuse, séparée par une vitre des deux complices grillant une cigarette. Débarrassé du poids des stars et des productions énormes qu'elles impliquent, le cinéaste retrouve sa liberté pour traquer des personnages ordinaires dans leur intimité. Non content de mettre en scène des laissés-pour-compte de l'Amérique, Steven Soderbergh a donné un grand coup de pied dans la fourmilière de l'industrie. Au grand dam des exploitants de salles, Bubble était disponible simultanément dans les cinémas, en DVD et sur une chaîne de télévision « à la demande » aux Etats-Unis. « Je trouve que c'est le meilleur moyen de lutter contre le piratage », a déclaré le réalisateur. Bien que le film ait rapporté cinq millions de dollars tous supports confondus, on devra attendre un peu pour tirer un bilan définitif de cette tentative controversée que Soderbergh envisage de renouveler prochainement.
Caroline Vié