CINEMA«L'Ordre et la Morale», dans la poudrière d'Ouvéa

«L'Ordre et la Morale», dans la poudrière d'Ouvéa

CINEMALe film de Mathieu Kassovitz sur la mort de dix-neuf Kanaks en 1988 fait polémique...
Vincent Vantighem

Vincent Vantighem

Au beau milieu du Pacifique, le caillou fait partie de l'archipel de la Loyauté. Mais, plus de vingt ans après les faits, personne n'est encore en mesure de dire ce qu'il s'est vraiment passé sur l'île d'Ouvéa (Nouvelle-Calédonie) le 5 mai 1988.

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C'était l'entre-deux-tours de la présidentielle. Alors que vingt-sept gendarmes sont retenus dans une grotte par des indépendantistes kanaks, l'armée française donne l'assaut. L'opération Victor parviendra à libérer les otages, mais causera la mort de dix-neuf indépendantistes et de deux militaires. Alors que les autorités se défendent de la moindre bavure, plusieurs indépendantistes assurent, au contraire, que des preneurs d'otages ont été exécutés sommairement par les militaires, alors qu'ils s'apprêtaient à se rendre.

Des éléments troublants

En adoptant le point de vue des Kanaks, L'Ordre et la Morale, qui sort aujourd'hui en salle, relance la polémique. Car, si ce projet aura nécessité vingt-cinq scénarios différents, il finit par révéler sur pellicule quelques éléments troublants. Le fait que plusieurs indépendantistes ont été retrouvés morts d'une balle dans la tête, d'abord. Le fait qu'une amnistie générale a été décrétée interdisant tout procès et donc toute manifestation de la vérité, aussi.

«Les débriefings ont bien montré qu'il y avait eu des exécutions», prétend aujourd'hui Philippe Legorjus, l'ancien patron du GIGN. A l'inverse, l'ancien ministre Bernard Pons assure que «toute cette affaire a été réalisée dans la clarté». Le film ne révéle pas la vérité. Mais, avant même sa sortie, il est parvenu à relancer le débat sur cette sombre affaire de l'histoire.