«Habemus Papam»: Michel Piccoli, un pape appelé à régner
DRAME•Nanni Moretti livre une fable malicieuse sur la difficulté de faire des choix...Caroline Vié
Il voudrait bien mais il peut point. Michel Piccoli, pape récemment élu, ne parvient pas à se convaincre qu'il doit prendre le pouvoir. Habemus Papam de Nanni Moretti aurait pu s'appeler «Nous n'en avons plus» car le Saint-Père prend la poudre d'escampette, trompant la vigilance de ses gardes du corps pour fuir ses responsabilités.
Ce souverain pontife frileux, c'est Michel Piccoli. «Je n'aurais jamais pu faire le film sans lui, explique Nanni Moretti. Il se dégage de sa personne l'autorité nécessaire pour qu'on puisse accepter qu'il soit élu pape et suffisamment de fragilité pour que ses hésitations soient crédibles.» Le comédien mord à pleines dents dans un rôle d'acteur raté revenant vers ses rêves de jeunesse, alors qu'il va devenir l'un des hommes les plus puissants du monde.
Des matchs délirants
Pendant qu'il se tâte, soutanes et chasubles s'improvisent volleyeurs dans la cour du Vatican pour des matchs délirants arbitrés par Nanni Moretti. «Ces hommes responsables retombent en enfance», explique le réalisateur, qui s'est réservé un personnage de psychologue sentencieux.
Film sur la notion de choix et les douleurs qu'elle engendre, Habemus Papam se révèle une fable malicieuse bien davantage qu'une critique des us et coutumes du Vatican. Y aller ou pas, thématique ô combien actuelle en cette année d'élection présidentielle, pourrait être le sous-titre d'une œuvre touchée par la grâce de l'humour.