«Présumé coupable»: Faux coupable et vrai innocent
DRAME•Un brûlot indispensable et bouleversant sur l'affaire d'Outreau...Caroline Vié
Vincent Garenq n'épargne pas le spectateur pour lui faire partager le calvaire d'Alain Marécaux, huissier de justice accusé à tort de pédophilie dans l'affaire d'Outreau. Présumé coupable adopte volontairement l'unique point de vue de cet homme broyé par un système judiciaire inhumain en s'inspirant de son autobiographie, Chronique de mon erreur judiciaire (Flammarion).
Le martyre d'un homme clamant vainement son innocence dans l'indifférence générale est rendu d'autant plus poignant que Philippe Torreton, admirable, s'est donné corps et âme au personnage. «Alain Marécaux nous ayant soutenu à fond, il était impossible de ne pas essayer de faire ressentir son épreuve», témoigne le comédien.
Un choc brutal et salutaire
Ce film pudique dépourvu de musique préserve la force brute des émotions. «La réalité des faits était suffisante et je m'en suis tout de suite rendu compte en lisant le scénario qui m'a laissé vidé et indigné», déclare Philippe Torreton. On ressent la même impression d'injustice inacceptable en voyant ce père de famille brisé sombrer dans le désespoir.
Pourtant, Présumé coupable n'est pas qu'un film à thèse. La sobriété de la mise en scène et de l'interprétation implique de véritables choix tant esthétiques que moraux. Il y a du cinéma dans ce long métrage intense. «Jusqu'à maintenant, seule la communauté juridique semble réfractaire, indique Torreton. Je suis scandalisé de découvrir que des calomnies courent toujours sur le compte d'Alain Marécaux.»
L'huissier a, quant à lui, été bouleversé lorsqu'il a vu le film à côté de l'acteur. «C'était intense et magnifique», se souvient Philippe Torreton, visiblement ému. Présumé coupable ne constitue pas une expérience plaisante, mais c'est un film indispensable pour éviter que de pareilles erreurs/horreurs se reproduisent.