Malick réécrit la légende de Pocahontas

Malick réécrit la légende de Pocahontas

Le Nouveau Monde est aussi fascinant que son auteur
©2006 20 minutes

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Le Nouveau Monde est aussi fascinant que son auteur

Terrence Malick n'aura mis cette fois « que » six ans à concrétiser sa relecture de la légende de Pocahontas, son quatrième long métrage en trente-deux ans

Cinéaste discret, refusant les interviews et fuyant les photographes, Malick entretient son mystère, une singularité qu'on retrouve dans ce film envoûtant dont les similitudes avec le dessin animé des studios Disney s'arrêtent aux grandes lignes d'une intrigue inspirée de faits historiques

Comme dans La Ligne rouge, son précédent opus, Malick propose une expérience quasi mystique, sur l'amour éphémère d'un capitaine anglais (Colin Farrell) et d'une princesse indienne (Q'Orianka Kilcher) dans la Virginie du xviie siècle

Ce perfectionniste a choisi de tourner sur pellicule 65 mm dont la qualité lui a permis de capter l'ampleur d'une nature luxuriante entre enfer vert, matrice protectrice et paradis perdu

Une bande-son subtile, où les voix off des amants dévoilent leurs sentiments intimes en un leitmotiv entêtant, ajoute à l'impression d'immersion totale, de profonde communion qui lie le couple de héros à la terre nourricière et emporte le spectateur dans un tourbillon de sensations

Cette richesse foisonnante contraste violemment avec le retour à la « civilisation »

Le réalisateur tranche dans le vif, faisant passer la sauvageonne domptée du jardin d'Eden aux pierres grisâtres d'une Angleterre glaciale

Avec un sens de l'épure remarquable, Terrence Malick transcende fable écologique et histoire d'amour intense pour saisir l'étincelle du choc des cultures qui donna naissance à l'Amérique moderne

Caroline Vié