Sabrina Ouazani: «J'étais comme une gosse qui ne savait pas où elle était, ce qu'elle devait faire»
INTERVIEW•La jeune actrice à l'affiche du film «Des hommes et des Dieux» a foulé pour la première fois le tapis rouge à Cannes. Une expérience forte en émotions...Propos recueillis par Bérénice Dubuc
De notre envoyée spéciale à Cannes
Révélée en 2004 dans L'Esquive d'Abdellatif Kechiche, Sabrina Ouazani est, à 22 ans, à l’affiche du film Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, en compétition au 63e Festival de Cannes. Mardi soir, elle a monté les marches cannoises pour la première fois. Elle confie ses impressions à 20minutes.fr.
Racontez-nous ce que vous avez vécu mardi
Ca a été une journée super speed, entre les interviews, les séances photos, le maquillage et la coiffure chez Dior, la robe prêtée par Georges Hobeika et on y va, c’est parti pour le tapis rouge. J’étais très impatiente, mais aussi très stressée. J’avais peur de trébucher, et puis c’est impressionnant, tous ces photographes, tout ce monde, toute cette agitation. Mais j’étais aussi contente de voir les gens, je n’ai pensé qu’à prendre ce qu’on me donnait, à prendre du plaisir. J’étais aussi un peu angoissée parce que c’était la première fois que j’allais voir le film et la réaction des gens. C’est un sujet délicat: on parle de quelque chose qui s’est vraiment passé.
Et, sur le tapis rouge, tout s’est bien passé?
J’étais impressionnée, mais je crois que ça ne s'est pas trop vu. Je savais un peu comment ça marchait parce que tous les ans, c’est quelque chose que je regarde à la télé. En haut des marches, Gilles Jacob et Thierry Frémeaux nous ont salués. On était une douzaine, donc ils n’ont pas eu le temps de nous dire grand chose, mais ils ont bien pris le temps de nous regarder dans les yeux, et d’avoir une attention pour chacun. Et puis je me suis retournée, j’ai regardé la foule, et j’ai eu le temps d’avoir une pensée pour ceux que j’aime.
Et après?
Dans la salle, c’est immense, c’est encore plus impressionnant. Ce que je ne savais pas, c’est qu’on allait entrer en dernier, que les gens allaient nous applaudir, et qu’à la fin du film, on devrait se lever. Il y a eu une standing ovation pendant plus de 10 minutes. Et, alors que je m’étais préparée psychologiquement pour la montée des marches, là tout à coup, j’étais comme une gosse qui ne savait pas où elle était, où elle allait, ce qu’elle devait faire. J’étais tellement perdue que je ne savais pas où regarder. J’ai vu Emmanuelle Béart, qui était juste le rang devant moi, en train de pleurer et qui nous regardait tous.
C’est une expérience qui vous a marquée?
Je n’ai pas réagi tout de suite, j’étais touchée par ce dont on venait de parler, de ces huit personnes qui ont existé. C’est plus tard, après la projection, que j’ai commencé à réaliser d’où je sortais, ce qu’on venait de faire, de vivre… Même s’il y en a d’autres après, c’était une première, et toutes les premières marquent et restent dans la mémoire. Je n’aurai peut-être pas à nouveau la chance d’être là, mais j’ai envie de revenir, pour un film aussi beau si possible. Encore et encore.