Depuis «Le diable s'habille en Prada», ceux qui ignoraient encore qui est Anna Wintour ont pris conscience de l’emprise que ce bout de femme de 60 ans a sur la mode. Le documentaire «The September issue», qui sort mercredi au cinéma, lève le voile sur la très puissante rédactrice en chef du Vogue américain.

Dicte les tendances

Ce documentaire signé R.J. Cutler, suit la fabrication plusieurs mois à l'avance de l'édition de septembre 2007 du magazine de mode américain. Visage fin apparent sous une coupe au carré stricte, yeux souvent cachés derrière des lunettes noires, silhouette fragile, Anna Wintour est bien moins fragile que ne laisse supposer son physique: elle est non seulement la patronne incontestée du Vogue américain mais elle dicte aussi les tendances au monde de la mode.

Pendant huit mois, les caméras de Cutler, auteur de nombreux documentaires sur la politique américaine notamment, ont suivi Anna Wintour dans son activité quotidienne, général d'une armée qui n'a d'autre choix que de lui obéir, de la stagiaire à la directrice de la création, Grace Coddington, anglaise comme elle et à son poste, comme Wintour, depuis une vingtaine d'années.

Pouvoir

Son pouvoir dépasse les murs du magazine. A Paris ou ailleurs, on s'incline devant elle, couturiers stars compris. Karl Lagerfeld chez Chanel lui présente une veste baptisée "Anna", Jean Paul Gaultier se fait timide… Le malaise est même palpable chez Yves Saint Laurent lorsque le directeur artistique Stefano Pilati peine à fournir des explications sur sa collection et son choix d'absence de couleurs.

Le documentaire n’oublie pas de parler de la femme derrière son image de grande prêtresse susceptible. Le réalisateur la fait parler de son père, journaliste reconnu en Grande-Bretagne, et donne le micro a sa fille qui étudie le droit car «il n'y a pas que la mode dans la vie».