VIDEO. «La Douleur» ça fait mal, mais on peut aimer le texte sublime de Duras sans être masochiste
DRAME•Emmanuel Finkiel retrouve l'essence du roman de Marguerite Duras tout en privilégiant l'aspect humain...Caroline Vié
L'essentiel
- Emmanuel Finkiel a su apporter sa touche personnelle à une adaptation de Marguerite Duras.
- Mélanie Thierry trouve ici son plus beau rôle.
- Elle incarne une femme confrontée à une terrible attente pendant la seconde guerre mondiale.
Comment a donc fait Emmanuel Finkiel pour porter si brillamment à l’écran La Douleur de Marguerite Duras ? Il a fait sienne cette œuvre autobiographique sur les amours de la romancière pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mélanie Thierry, dans son plus beau rôle à ce jour, incarne cette femme déchirée entre son inquiétude pour son mari déporté, sa liaison avec un camarade résistant ( Benjamin Biolay) et sa relation trouble avec un milicien ( Benoît Magimel, inquiétant et fascinant).
Montrer Duras comme un être humain
Le réalisateur de Je ne suis pas un salaud n’a pas souhaité livrer un biopic de Marguerite Duras. « Il a fallu me positionner, présupposer des choses, explique-t-il. Je l’ai fait en amenant Marguerite au niveau de quelqu’un qui réagit comme un être humain plutôt que comme un écrivain. » L’insupportable incertitude dans laquelle vit la jeune femme, contrainte de pactiser avec un Français affilié à la Gestapo dans l’espoir qu’il pourra aider son époux, est particulièrement bien rendue. On la comprend dans chacun de ses choix.
C’est dans sa propre expérience familiale que le cinéaste a puisée pour donner corps à la souffrance de son héroïne voyant revenir des gens des camps alors que son mari semble avoir disparu. « Ce personnage faisait écho à la figure même de mon père qui était quelqu’un qui attendait toujours, dit-il. Même après qu’il a eu la certitude que la vie de ses proches s’était terminée à Auschwitz. » Il y a beaucoup de pudeur et de sensibilité dans cette chronique doublée d’un sublime portrait de femme.