VIDÉO. Affaire Harvey Weinstein: Emma de Caunes et Judith Godrèche elles aussi victimes
CINEMA•La comédienne s’est confiée au « New Yorker » sur son agression sexuelle perpétrée par Harvey Weinstein…C.W.
Un témoignage accablant, qui fait froid dans le dos. Alors qu’un scandale de harcèlement sexuel secoue le Tout-Hollywood, l’actrice française Emma de Caunes a révélé au New Yorker figurer parmi les victimes du producteur Harvey Weinstein, viré dimanche par le conseil d’administration de la Weinstein Company. Dans l’article, la jeune femme raconte le harcèlement sexuel qu’elle a subi par cet homme, en 2010, dans une chambre du Ritz à Paris.
« Plus je flippais, plus ça l’excitait »
Le producteur, qu’elle avait croisé quelques mois plus tôt au Festival de Cannes, lui demande de la rencontrer au Ritz, afin de lui parler d’un « rôle féminin fort », dans un film tourné en France par un réalisateur connu. Il s’agit plus exactement de l’adaptation d’un livre, dont Weinstein a oublié le nom. « Mais je vais vous le donner, lui dit Weinstein, je l’ai dans ma chambre ». L’actrice décline, expliquant qu’elle doit rejoindre un plateau télé où elle reçoit le rappeur Eminem. Le producteur insiste, elle finit par accepter. Une fois dans la chambre de Weinstein, celui-ci disparaît dans la salle de bains alors qu’Emma De Caunes répond à un coup de téléphone. Une fois qu'elle a raccroché, elle entend alors le bruit d’une douche. « J’étais genre, c’est quoi ce délire, il prend vraiment une douche ? », confie-t-elle.
Et c’est alors que Weinstein sort, nu, et en érection. « Que faites-vous ? » lui demande Emma De Caunes. Le producteur lui dit alors de s’allonger sur le lit, précisant que de nombreuses femmes l’ont fait avant elle. « J’étais pétrifiée, révèle l’actrice, mais je ne voulais pas lui montrer parce que je sentais que plus je flippais, plus ça l’excitait. C’était comme un chasseur face à un animal sauvage. La peur l’excitait », ajoute-t-elle.
« C’est comme dans un film de Walt Disney ! »
Alors qu’Emma de Caunes entreprend de partir, Harvey Weinstein panique. « Nous n’avons rien fait ! dit-il, ajoutant: c’est comme dans un film de Walt Disney. » « J’ai toujours détesté les films de Walt Disney », lui répond l’actrice, puis quitte la chambre en claquant la porte, tremblante de peur. Quelques heures plus tard, Weinstein l’appela sans relâche, lui offrit des cadeaux en lui répétant que rien ne s’était passé.
« Je sais que tout le monde – et je dis bien tout le monde – à Hollywood est au courant de ce qui se passe », déclare Emma De Caunes au New Yorker. « Il ne se cache même pas vraiment. Je veux dire, la façon dont il le fait, tant de personnes sont impliquées et voient ce qui se passe. Mais tout le monde a trop peur de dire quoi que ce soit. » Parmi les autres victimes, qui témoignent également dans cet article, sont citées notamment les actrices Asia Argento et Rosanna Arquette.
« C’est Miramax, vous ne pouvez rien dire »
En 1996, Judith Godrèche a 24 ans quand Harvey Weinstein obtient les droits américains de Ridicule. Après un petit déjeuner, le producteur l’invite dans sa chambre pour parler de la campagne marketing. « J’étais naïve et pas préparée », raconte l’actrice au New York Times. Il a d’abord essayé de lui faire un massage, lui disant que c’était commun aux Etats-Unis. Elle lui dit non. « Tout à coup, il est contre moi et remonte mon pull. » L’actrice parvient à s’enfuir. Une cadre du studio Miramax lui conseille de garder le silence. « C’est Miramax, vous ne pouvez rien dire. »