«La Belle et la Bête»: «Les chansons insistent plus sur l’émotion que dans la version animée», confie le compositeur du film
MUSIQUE•Alan Menkel, fidèle compositeur des Studios Disney, a revisité ses propres partitions pour la nouvelle (et très belle) version en prises de vues réelles de « La Belle et la Bête », en salle mercredi prochain…Caroline Vié
Même si le nom d’Alan Menken ne vous dit rien, il est probable que vous connaissez sa musique ! Le compositeur a signé les partitions de grands classiques Disney comme La petite sirène (1990), Aladdin (1993), Le bossu de Notre-Dame (1996) et La Belle et la Bête, le film d’animation (1991), mais aussi la nouvelle version en prise de vues réelles mettant en vedette Emma Watson (sortie mercredi prochain). « C’est un sujet inépuisable musicalement parlant », explique Menken à 20 Minutes.
Avec ses 8 Oscars, 11 Grammy et 7 Golden Globes, l’homme n’a plus rien à prouver. « J’en suis parvenu à la conclusion que je suis plutôt bon dans ce que je fais », plaisante le sexagénaire qui reprend sa copie pour la troisième fois après le dessin animé de Kirk Wise et Gary Trousdale en 1991
et le show de Broadway en 1994. « Ce qui est bien avec Alan, c’est qu’on reconnaît ses chansons dès les premières notes », précise Bill Condon, réalisateur de la nouvelle version. Il est vrai que, dès le générique, le spectateur a les oreilles en fête avant même les premières images.
Des personnages plus profonds
« La version en prises de vues réelles et la personnalité de Bill permettait d’approfondir les personnages, d’accentuer les émotions », explique le compositeur qui a ajouté trois titres à la bande originale. « J’ai souhaité que ces chansons supplémentaires prennent des tonalités plus françaises mais aussi plus mélancoliques. Nous avons davantage insisté sur l’émotion que dans la version animée. » C’est le cas dans la ballade où la Bête (Dan Stevens) se confie à cœur ouvert ou la berceuse où Mrs. Samovar ( Emma Thompson) se souvient des bons moments qu’elle passait avec son fils quand ils étaient encore des êtres humains.
Un Gaston modernisé et courtisé
Le compositeur a aussi corsé la chanson de Gaston ( Luke Evans), le méchant de l’histoire, dont Lefou ( Josh Gad), souffre-douleur à la sexualité ambiguë, vante les qualités dans une taverne. « J’ai retrouvé des paroles un peu gore écrites par Howard Ashman, décédé depuis, dont le studio n’avait pas voulu en 1991 !, avoue-t-il. Les petites références gays que nous avons glissées dans l’intrigue ne seraient pas passées dans le dessin animé. Howard en aurait beaucoup ri, car c’est une façon de lui rendre hommage. » Lefou dissimule mal son attirance pour son complice, une dimension qui n’était pas explorée dans le film original.
De l’ancien et du nouveau
Alan Menken n’en a pas fini de reprendre ses œuvres. Disney a déjà mis en chantier les versions Live d’Aladdin et de La petite sirène tandis que Warner prévoit de revisiter La petite boutique des horreurs, comédie musicale (Frank Oz, 1996) sur une plante carnivore. « Je ne peux pas me plaindre de voir que mes musiques plaisent au point que les films connaissent de nombreux remakes, mais j’aimerais garder un peu de temps pour des nouveautés », avoue-t-il. Ce sera chose faite avec A Bronx Tale qu’il est en train de créer à Broadway.