Ewan McGregor: «Il n’y a rien de pire pour un parent que d’être rejeté par son enfant»
DRAME•Ewan McGregor est devant et derrière la caméra pour «American Pastoral», beau film inspiré d'un roman de Philip Roth...Caroline Vié
Pour sa première réalisation, Ewan McGregor porte à l’écran un roman de Philip Roth (disponible chez Folio). American Pastoral décrit le calvaire d’un père aimant quand il découvre que sa fille unique a fait sauter un bureau de poste pour protester contre la guerre du Vietnam.
Ce drame torpille une Amérique fantasmée en montrant comment une famille aisée plonge en plein cauchemar. « L’action a beau se situer dans les années 1950-60, cette histoire d’une adolescente tuant pour ses idées fait penser au terrorisme d’aujourd’hui », précise McGregor à 20 Minutes.
Un couple dans la tourmente
Il s’offre un rôle d’ancien sportif, homme d’affaires et notable de sa petite ville tombant des nues lorsque son héritière tourne le dos à leur famille en disparaissant du jour au lendemain sans plus donner de nouvelles. « Il est assommé mais ne parvient pas à la laisser tomber. Je crois qu’il n’y a rien de pire pour un parent que d’être rejeté par son enfant. » Son chagrin, montré de façon pudique, imprègne le film.
Jennifer Connelly incarne l’épouse de cet homme brisé, ex-reine de beauté qui sombre dans la dépression avant de reprendre du poil de la bête. « Elle accepte sa douleur et se fait soigner ce qui explique qu’elle se remet plus vite sans pour autant renoncer à leur fille », explique Ewan McGregor. Le père qu’il interprète tente de renouer avec la demoiselle (magnifique Dakota Fanning) qui refuse de le voir. « Elle devient son obsession et le pousse vers une forme de folie, » insiste-t-il.
La douleur d’un père
Les rapports père-fille sont au centre de ce récit passionnant filmé avec sobriété comme pour laisser plus de place à une histoire puissante. « Quand on est père soi-même, on ressent une empathie décuplée pour le héros, avoue McGregor. Il refuse de baisser les bras et préférerait mourir plutôt que de ne pas revoir son enfant. Contre tout espoir, il veut la convaincre de l’aimer de nouveau. » Son enquête douloureuse s’étend sur des années tandis que le FBI le surveille et qu’il part régulièrement sur de fausses pistes.
« Il était vraiment l’incarnation du rêve américain avant que ce terrible malheur change la donne en le plongeant dans un océan de culpabilité », insiste McGregor. Son personnage profondément tragique reste longtemps en mémoire tant il est poignant.