Michel Ocelot: «Faire exister mes films nécessite un combat permanent»
ANIMATION•Avec « Ivan Tsarevitch et la princesse changeante », le réalisateur signe quatre contes magiques tout en travaillant déjà sur son prochain film…Caroline Vié
Avec , , le papa de s’offre quatre nouveaux contes magiques. L’animateur septuagénaire donne vie à des princesses dynamiques et à des aventuriers malins dans ces quatre histoires pleines de poésie qu’il réalise en artisan surdoué.
Un mousse, des monstres, une chatte, des damoiselles pleines de ressources et un apprenti sorcier sont au programme d’une nouvelle anthologie réjouissante.
Dans la lignée des (2010) et de (1998), avec un garçon, une fille et un vieux projectionniste qui s’inspirent de légendes orientales pour un fabuleux théâtre de d’ombre, ce petit bijou d’animation française peut séduire tous les âges en entraînant les spectateurs dans des aventures fantastiques où la générosité et l’intelligence prennent le pas sur la brutalité.
Culturel sans en avoir l’air
« J’ai eu beaucoup de mal à faire distribuer cette série de contes, explique Michel Ocelot à 20 Minutes. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je ne trouve pas de financements facilement car la plupart des producteurs trouvent mes histoires trop cultivées, voire trop intellos. Je prends pourtant plaisir à ouvrir le public à d’autres cultures, mais il faut que je le fasse discrètement car sinon, il paraît que ça fait fuir le public. »
Avec son physique d’elfe, son sourire malicieux et des grands yeux d’enfant, Michel Ocelot parvient doucement à ses fins. Comme de réaliser qu’il tourne en ce moment dans un studio parisien. « Personne ne voulait de mon prochain film, parce que j’y parle de thèmes graves, comme les violences faites aux femmes, et cela aussi faisait peur aux financiers », confie-t-il.
Cette histoire de gamine qui mène l’enquête sur des disparitions de petites filles dans le Paris de la Belle Epoque sera plus adulte que ses films précédents. « Je pense que ce conte-là s’adressera aux plus de 7 ans, précise-t-il. Je le ferai voir à des parents et des spécialistes de l’enfance pour en avoir le cœur net. »
Rendre hommage à Paris
Pour la première fois de sa carrière, Michel Ocelot y rendra hommage à la France et à la Ville-Lumière. « J’ai eu accès à des endroits merveilleux pour mes repérages et je compte les restituer fidèlement. Mes décors seront très réalistes car la capitale est si belle que je ne ressens pas le besoin de la magnifier. » Les premières images entrevues dans son antre sont d’une beauté à couper le souffle.
Le cinéaste, connu pour savoir mêler les techniques traditionnelles à l’informatique a fini par trouver de l’argent (notamment chez ) pour ce qu’il décrit comme une « ode au vivre ensemble. » On pense à (2006) quand il parle de son héroïne, métisse de Nouvelle-Calédonie, qui aura fort à faire pour échapper à une secte.
Vingt bougies pour Kirikou
Le réalisateur rêve de présenter sa Dilili au Festival de Cannes en 2018. « Et pourquoi pas d’y récolter une Palme d’or ?, plaisante-t-il. Ce serait une bonne façon de célébrer le vingtième anniversaire de Kirikou ! » Cela fera en effet deux décennies que Michel Ocelot court avec son héros juvénile.
« Je ne me vois pas réaliser un quatrième opus le mettant en vedette, mais c’est sans doute la seule chose que je pourrais monter facilement car faire exister mes films est un combat permanent », avoue-t-il. Il a déjà gagné celui du magique Ivan Tsarevitch et la princesse changeante qui permettra de patienter joyeusement en attendant Dilili.