Festival de Cannes: William Friedkin se sent toujours comme un étudiant en cinéma
LECON DE CINEMA•A Cannes pour donner une Leçon de cinéma, le réalisateur de « L’Exorciste » confie à « 20 Minutes » qu’il ne tournera pas de nouveau film dans un futur proche…De notre envoyée spéciale à Cannes, Caroline Vié
A 80 printemps, William Friedkin a toujours un appétit égal pour le cinéma mais il n’aime pas qu’on le considère comme un maître. « Mon maître à moi, c’est Orson Welles et je ne lui arrive pas à la cheville », confie-t-il à 20 Minutes. Le réalisateur de L’Exorciste et de French Connection n’est pas du genre à se gargariser de son œuvre. « Je ne revois jamais mes films car je les connais par cœur. Je préfère découvrir ceux des autres pour avoir des surprises, » avoue-t-il.
Amoureux de cinéma
Si le cinéaste est heureux d’être à Cannes pour donner la traditionnelle « leçon de cinéma », il rejoint Woody Allen au sujet de la compétition. « Je n’ai jamais fait de film en me disant que je voulais être meilleur que tel ou tel. Le cinéma comme tous les arts est question de perception. L’idée d’un concours ne me semble pas judicieuse. »
William Friedkin se réjouit en revanche de présenterPolice Fédérale Los Angeles (1985) dans la section Cannes Classics. « C’est chouette de se dire que votre travail continue à exister en dehors de vous », dit-il. Le réalisateur aime toujours autant regarder des films et a les commenter avec ses amis cinéphiles. « J’apprends constamment car je ne me sens pas comme un professeur, plutôt comme un étudiant en cinéma ».
En décalage avec la génération du numérique
Wiliam Friedkin n’a pas tourné de film depuis Killer Joe (2012) et il n’est pas certain de reprendre un jour le chemin des plateaux. « Les histoires de superhéros qui se font aujourd’hui ne m’intéressent pas, reconnait-il. Je me sens en décalage avec la génération du numérique et de jeux vidéo. Je ne dis pas que c’est mal, juste que je n’y suis pas à ma place. »
Friedkin préfère donc voir et revoir des films anciens qu’il déguste toujours avec autant de délices. « Je me souviens avoir autrefois rencontré William Wyler et Billy Wilder qui méprisaient les œuvres de leurs cadets. Je m’étais promis d’arrêter le jour où, comme eux, je ne serais plus en phase avec mon époque et c’est maintenant », confie-t-il sans amertume. On aimerait tant qu’il revienne sur sa décision…