Un constat mitigé. Pierre Lescure, président du Festival de Cannes pour la première fois cette année, dresse un bilan en demi-teinte de cette aventure. Dans une interview accordée au quotidien La Croix, il répond à ses détracteurs et dénonce des pratiques journalistiques qui entacheraient le cinéma.

« Plusieurs choses m’ont heurté »

Si assister à la délibération du jury de Cannes a été un « cadeau phénoménal » pour Pierre Lescure, la scène médiatique l’a totalement déconcerté. « Plusieurs choses m’ont heurté », explique-t-il à La Croix. Parmi elles, les jugements acerbes des journalistes : « Trop de critiques n’écrivent que pour eux et quelques copains. On ne peut pas étaler un tel mépris, user de mots jamais assez durs pour disqualifier certains et totalement excessifs pour en louanger d’autres. »

Un barnum médiatique

Au-delà des avis trop tranchés des journalistes, Pierre Lescure remet également en question la couverture médiatique du festival et le traitement trop hâtif des œuvres présentées. « Tout s’accélère », commente-t-il, « l’instantanéité aboutit à des jugements hâtifs, excessifs, définitifs. (…) En agissant ainsi, je ne suis pas sûr que la profession se fasse du bien. » Le président parle alors de « barnum médiatique », en déconnexion « entre ce qu’il montre et l’attente réelle de ceux qui aiment le cinéma ».

Luxe et sponsors

Enfin, Pierre Lescure en profite également pour régler ses comptes avec ceux qui ont critiqué sa première prise de parole publique et son passage sur les luxueux sponsors. « On m’accuse d’avoir laissé entrer les marchands dans le temple. A-t-on vu, cette année plus de marchands ? » se défend-il, et ajoute plus loin, « les mêmes journaux qui nous attaquent publient de grandes pages de publicité pour l’industrie du luxe et ont été rachetés par des financiers ».