De Michael Haneke à Ulrich Seidl, les cinéastes autrichiens savent faire montre d'un sens de la fête qui n'appartient qu'à eux. Peu de pays regorgent de réalisateurs aussi capables de déranger et de faire frissonner. Veronika Franz et Severin Fiala s'inscrivent gaillardement dans cette tradition avec Goodnight Mommy, film d'horreur psychologique.

L'angoisse multipliée par deux

Dans une maison au luxe glacial, des frères jumeaux d'une dizaine d'années voient revenir leur mère après une opération de chirurgie esthétique. Ils se persuadent que la nouvelle arrivée est une intruse qui a pris la place de leur maman et décident de lui faire avouer la vérité par tous les moyens. Commence alors un cauchemar d'autant plus pénible que les bourreaux sont des gamins. «L'horreur que nous voulons montrer est ancrée dans des choses simples du quotidien», précise Veronika Franz. Fil dentaire, colle et rouleau de scotch deviennent autant d'armes redoutables dans les mains des bambins sadiques.

Horreur et tradition

On pense à Funny games (1997) de Michael Haneke à cause des crimes commis de façon clinique et glaçante. Mais aussi à L'Autre (1972) de Robert Mulligan pour les rapports entre ces frangins aux visages angéliques et aux actes atroces. Les amateurs de sensations fortes et de gore qui fait mal seront servis! «Nous aimons un cinéma physique, les films qui secouent», insiste Severin Fiala. Goodnight Mommy maltraite le spectateur de façon très efficace et très esthétique prouvant que ce duo de cinéastes s'y entend pour révéler les aspects les plus sombres de l'âme humaine.