Comme un parfum de sable et de sang…
FILM – Le grand retour des frère Coen, avec un polar inspiré d’un classique de Cormac McCarthy, est un pur bonheur...Caroline Vié (à Cannes)
«No country for old men»
Critique du film des frères Coen
Une note? 5/5
Une récompense? le prix du scénario ou de la mise en scène
Il y avait longtemps qu’on n’avait pas vu Joel et Ethan Coen en si bonne forme. Les réalisateurs du «Big Levowski» ont trouvé chaussure à leur pied et sujet à leur mesure avec «Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme», roman écrit en 2003 par Cornac McCarthy.
Trois personnages se partagent la vedette. Un tueur impitoyable, tout de noir vêtu, un shérif à l’ancienne mode et un vétéran du Vietnam s’y lancent dans une étonnante course poursuite autour du magot d’un trafic de drogue qui a mal tourné. En s’emparant d’un valise pleine de billets qu’il découvre au milieu d’un carnage, l’ancien soldat enclenche un processus meurtrier dont il tente de fuir l’onde de choc. L’assassin appointé sème la mort en essayant de le rattraper tandis que le policier cherche à comprendre comment son paisible coin du Texas s’est transformé en champ de bataille.
Thriller virtuose
Une mise en scène taillée au cordeau se met au service d’un scénario riche en rebondissements teintés d’humour sombre. Les réalisateurs de Fargo, Blood Simple et Miller’s Crossing se régalent à diriger un trio d’acteurs sublimes dans des paysages écrasés de chaleur, de petites bourgades pittoresques ou des hôtels borgnes. Tommy Lee Jones, flic sentencieux et Josh Brolin, fermier cupide et ingénieux livrent des performances impeccables. Woody Harrelson fait une apparition savoureuse en chasseur de primes, mais c’est Javier Bardem, incarnation du mal aux allures de spectre diabolique, qui alimentera pour longtemps les cauchemars du spectateur. Qu’on se le dise : les frères Coen sont de retour avec ce thriller virtuose et ludique, véritable friandise sur pellicule pour à laquelle ils ont donné le meilleur de leur talent.