VIDEO. Jodorowsky vend des billets de poésie pour financer son prochain film
CROWDFUNDING•Le réalisateur chilien annonce un nouveau film, Poésie sans fin, qu'il entend financer via la plateforme de crowdfunding Kickstarter...Stéphane Leblanc
«Un film est une illusion. Mais il doit être la plus belle des illusions qui soient», explique Alejandro Jodorowsky dans la note d’intention de Poésie sans fin, le film qu’il prépare et qu’il envisage de financer via la plateforme de crowdfunding Kickstarter. Le site annonce qu'il va, pour ce faire, «échanger votre argent contre des billets de poésie».
Défendu autrefois par John Lennon et aujourd’hui par Nicolas Winding Refn, cet artiste d'avant-garde de 86 ans, auteur de BD et réalisateur de films cultes (El Topo en 1969, La Montagne sacrée en 1973, Santa Sangre en 1989), est également connu pour ses films inachevés: une adaptation de Dune, une suite qu’il envisageait à El Topo, un film que devait coproduire David Lynch...
>> A relire notre entretien en 2014 avec Alejandro Jodorowsky
En 2012, Jodorowsky fit un appel à dons par Internet afin de produire un film autobiographique, La Danse de la réalité, tourné dans son village natal de Tocopilla au Chili. Et ce film, dans lequel le réalisateur octogénaire raconte son enfance sur un mode poético-burlesque se taille, contre toute attente, un joli succès en salles à sa sortie en septembre 2013.
La suite de « La Danse de la réalité »
Pourquoi ne pas rééditer l’exploit? Jodorowsky passera cette fois par la plateforme de crowdfunding Kickstarter. Le film s’intitule Poesía Sin Fin (Poésie sans fin). Et il s’agit très directement de la suite de La Danse de la réalité puisque le réalisateur est parti de son adolescence à Santiago du Chili.
«Entre la pression familiale qui l’entoure et son manque de confiance, le petit Alejandro lutte pour affirmer ses désirs et trouver son chemin, raconte le synopsis du film. C’est là, dans l’épicentre artistique de la capitale chilienne des années 1940-50, aux côtés des jeunes poètes Enrique Linh, Nicanor Parra… et dans les bras de son premier amour Stella Diaz, qu’Alejandro voit son destin poétique se définir. Un monde nouveau s’ouvre à lui, transformant sa vie pour toujours.»
Au Chili, pas de guerre mais de la poésie
Dans une lettre envoyée à la presse, Jodorowsky se souvient: «J’avais 24 ans – c’était un moment fantastique. La guerre était partout dans le monde, et au Chili: pas de guerre. On était isolés, éloignés du reste du monde ; sans télévision, entourés de montagnes et de mer… la Paix! Il y avait tellement de paix, c’était merveilleux. Puis un miracle s’est produit: la Poésie est arrivée dans le pays. De grands poètes ont commencé à écrire de merveilleux, merveilleux poèmes. Deux d’entre eux ont reçu le Prix Nobel: Pablo Neruda et Gabriela Mistral – notre père et notre mère.»
«Je veux exprimer en quoi je suis redevable à ce passé… parce que c’est là que j’ai su ce que c’était que de vivre en poésie. C’est là que je l’ai vraiment su… et je veux démontrer au monde que c’est possible! C’est possible! C’est possible d’ouvrir l’esprit! C’est possible d’ouvrir son cœur, d’ouvrir sa créativité… Vivre avec moins, mais vivre bien! C’est ça que je veux. Poésie infinie. Poésie Sans Fin. Et c’est ce que je ferai.»
On a hâte.