L’interdiction du film «Exodus» provoque l'indignation au Maroc
CINEMA•Les professionnels du cinéma marocains dénoncent «un acte ridicule, insensé, irrationnel et foncièrement anti-démocratique»...A.D. avec AFP
La fresque biblique de Ridley Scott Exodus: Gods and Kings, sur la fuite hors d'Egypte de Moïse, a été déprogrammée des salles de cinéma du Maroc pour «avoir représenté Dieu», alors qu’il avait pourtant reçu le visa d'exploitation, délivré par le Centre cinématographique marocain (CCM) et que le film a été tourné au Maroc, en particulier à Ouarzazate, avec un grand nombre de Marocains. Une interdiction qui a provoqué l’indignation de nombreux professionnels du cinéma.
«Un acte ridicule, insensé, irrationnel et foncièrement antidémocratique»
«Interdire une création artistique pour des raisons de croyances religieuses est un acte ridicule, insensé, irrationnel et foncièrement antidémocratique», a écrit Mohamed Abderrahmane Tazi, dans un communiqué pour le Bureau Exécutif de la Chambre Nationale des Producteurs de Films.
«Interdire ne signifie plus empêcher de voir, c’est (fort heureusement) impossible, et ça, les pays les plus avancés l’ont compris, s’interdisant désormais d’interdire, évitant ainsi de se couvrir de ridicule. Les autres pays sont restés prisonniers des schémas anciens, dans lesquels le public est un "enfant" qu’il faut protéger et éduquer», a écrit sur sa page Facebook le critique Mustapha Lalouani.
«Dénoncer et condamner cette censure»
L'acteur Mohamed Choubi a publié sur le maquis bleu un «manifeste» en faveur de la liberté d’expression, rapporte le site marocain Libération. «Alors que vous n’avez rien pu apporter aux pauvres gens en matière économique et sociale, voilà que vous vous permettez d’interdire la projection du film de Ridley Scott, avez-vous bien pensé aux conséquences?», s’interroge-t-il.
«Je ne peux que dénoncer et condamner cette censure et tirer la sonnette d’alarme, car la liberté de création et d’expression est menacée dans mon pays… Une menace qui aura son impact certain sur notre cinéma et sa réputation», souligne le réalisateur et critique Abdelilah Jawhari sur le site marocain Libération.