Guillaume Canet: à la fois gendarme et tueur en série dans «La prochaine fois je viserai le cœur»
CINEMA•Cédric Anger offre un rôle étonnant à l'acteur, méconnaissable en flic assassin qui manipule ses collègues...Caroline Vié
Guillaune Canet semble avoir un certain goût pour les faits-divers. Après avoir incarné l'énigmatique Maurice Agnelet dans L'homme qu'on aimait trop d'André Téchiné, il trouve un rôle encore plus inquiétant dans La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger, inspiré de l'affaire Alain Lamare, un gendarme fou qui terrorisa le département de l'Oise entre à la fin des années 1970.
A la fois juge et partie
«Ce qui est fascinant, c'est qu'il participait à l'enquête pour coincer le maniaque et qu'il se montrait passionné par son travail, explique le réalisateur. Il aurait dû être arrêté plus tôt mais personne n'envisageait qu'un gendarme puisse être coupable». Le réalisateur s'est appuyé sur l'excellent Un assassin au-dessus de tous soupçons (J'ai lu, 7,60 €) d'Yvan Stefanovitch pour écrire son scénario. «Je n'ai pas rencontré les véritables protagonistes de l'affaire pour ne pas les importuner mais aussi parce que j'estimais que le témoignage d'un journaliste qui avait suivi toute l'affaire et connu Lamare était plus fiable», dit-il.
Le point de vue du tueur
Le réalisateur de L'Avocat (2010) a adopté le point de vue de Lamare, homme incolore et mal dans sa peau que son passage à l'acte sur de jeunes auto-stoppeuses ne soulage pas. «Je souhaitais me démarquer de l'imagerie habituelle des tueurs en série machiavéliques et fascinants. Lui, c'est un pauvre type qui n'est même pas très doué comme assassin», dit le cinéaste. Les scènes d'agression brutales sans complaisance sont moins traumatisantes qu'une séquence où le gendarme est écœuré par la vue des cheveux de sa maîtresse dans la salle de bains. «Il est tout le temps mal dans sa peau surtout dans les situations quotidiennes. J'ai voulu que le spectateur ressente son malaise».
Guillaume Canet exceptionnel
Une bonne partie du film pèse sur les épaules de Guillaume Canet, méconnaissable en policier psychorigide et terne capable de crises de violences incontrôlables. «Il a tout de suite compris la complexité du personnage qu'il n'a pas cherché à rendre charismatique. Parce qu'il est lui-même réalisateur, Guillaume sait instinctivement comment nourrir chaque scène sans mettre son nez dans la mise en scène». L'acteur, d'une sobriété remarquable, est l'un des atouts majeurs de ce portrait d'un homme malade, d'autant terrifiant que qu'il se cache sous l'uniforme d'un défenseur de la loi.