CINEMADans «Bande de filles», les bombes de Céline Sciamma explosent sur grand écran

Dans «Bande de filles», les bombes de Céline Sciamma explosent sur grand écran

CINEMALa réalisatrice de «Tomboy» signe un film tonique sur l'amitié entre gamines de banlieue...
Caroline Vié

Caroline Vié

Céline Sciamma a du talent et du nez pour dénicher des actrices. Les comédiennes de Bande de filles sont toutes des stars en herbe qu'elle a débusquées avec un flair remarquable pour ce film brillant montrant la banlieue au féminin pluriel. «Elles m’ont surprise à chaque instant par leur naturel et leur humour», déclare la cinéaste.

Un film engagé

La réalisatrice de Naissance des pieuvres (2007) et de Tomboy (2011) poursuit son exploration de la jeunesse. Elle suit Vic (Karidja Touré, impressionnante) au cours de son immersion progressive dans un gang d'adolescentes après avoir découvert qu'elle ne pourra pas suivre les études qu'elle a choisies. «Je n'ai pas voulu réaliser un film de banlieue, explique la cinéaste, mais raconter une histoire d'amitié tout en signant une fresque intime dans laquelle j'aimerais que les jeunes se retrouvent». Le choix de sortir le film en pleines vacances scolaires n'a rien d'innocent. «C'était une décision politique, pour favoriser l'accession de ce public précis à mon film», assène Céline Sciamma.



Travailler en amont

Avant le tournage, la réalisatrice a réuni ses comédiennes Karidja Touré, Assa Syla, Lindsay Karamoh et Mariétou Touré en atelier pour les aider à composer leur personnage. «L'histoire était écrite mais je leur ai permis de s'approprier leur rôle. L'alchimie entre elles a dépassé mes espérances car j'étais leur première spectatrice», dit-elle. Ces gamines à peine sortie de l'enfance parviennent à être à la fois terrifiantes par leur agressivité et attendrissantes dans leur fragilité. Leur chemin vers l'émancipation dans un univers machiste est semé de violences mais aussi de joies quand elles s'éclatent en dansant sur «Diamonds», un tube de Riahanna.

Des choix esthétiques forts

Si ses portraits de femmes actuelles en quête de leur identité marquent puissamment, c'est aussi parce que Bande de filles est d'une beauté ahurissante. «J'ai voulu filmer la jeunesse en mutation car c'est une chose que je trouve belle», explique Céline Sciamma qui a également choisi les costumes de ces actrices en leur compagnie. On reste scotché devant cette succession d'instants volés à ces adultes en devenir dont on aimerait bien connaître l'avenir. «Bien que je me sois attachée à elles, je ne me vois pas faire Bande de filles 2 pour les suivre», plaisante la cinéaste. Le spectateur aimerait pourtant bien retrouver ces copines au tempérament volcanique.