CINEMAVIDEO. «Still the water»: Quand l'émotion se laisse submerger par les flots

VIDEO. «Still the water»: Quand l'émotion se laisse submerger par les flots

CINEMAComme a son habitude, Naomi Kawase brode une œuvre poétique entre documentaire et fiction...
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

A la vie... à la mer. Pour réaliser Still the Water, Naomi Kawase est revenue tourner sur les îles Amami, dont une partie de sa famille est originaire, et où les habitants vivent en harmonie avec la nature, encore aujourd’hui. C'est ici que les jeunes héros du film, deux adolescents assez craquants, découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l’amour…

C'est là qu'on dit aussi, quand quelqu'un meurt, «il est retourné chez lui». «J’avais oublié cette impression de faire partie d’un tout, raconte la réalisatrice japonaise. Cette harmonie, je suis reconnaissante aux habitants de cette île de me l’avoir rappelée…»



La cinéaste l'avait dit au festival de Cannes et le redit aujourd'hui: «Still the Water est mon film le plus accompli. Dans un roman, on peut contrôler son écriture. Au cinéma, c’est plus difficile parce qu’on se heurte à des contraintes concrètes avec lesquelles il faut composer. Disons que ce film est celui où tout s’est déroulé comme par enchantement, où sont survenus le plus de miracles, au point que le résultat final dépasse mes attentes…

A titre d'exemple, «cette réplique improvisée d’un des acteurs à la mère mourante: «Mais si, tu danses très bien» alors qu’on était justement en train de filmer le mouvement de ses mains… Ou ce typhon qui a surgi sans prévenir, alors que le personnage venait de mourir.

Nue ou en tenue d'écolière

Mais il y a aussi des séquences simplement filmées avec brio, comme la scène sous-marine avec la jeune héroïne qui nage en tenue d'écolière, et la même, plus tard, quand elle nage nue, cette fois, avec son jeune amant… «Il n’y a pas de signification particulière, relativise Naomi Kawase. Les enfants de l’île se baignent fréquemment tout habillés. Le fait de se baigner nu doit être compris comme un signe de libération et d’espoir. Pour ces adolescents, tout devient possible…»

A Cannes, le soir du palmarès, on se souvient avoir vu la réalisatrice japonaise monter les marches tel un samouraï avançant vers la mort, car elle savait que son film ne recevrait aucun prix. «Ce festival est une fête et la remise des prix est l'aboutissement de cette fête, explique-t-elle. Au fond de moi, j’éprouvais de la tristesse, mais je voulais montrer ma gratitude aux habitants des îles Amami qui espéraient qu’un prix leur apporte de la notoriété vis-à-vis du voisin Okinawa. Mais qui sait? L'absence du film au palmarès était peut-être un coup des dieux afin de préserver le site des invasions de touristes…»