Festival de Cannes: Pour Xavier Dolan, «la compétition ça change tout»
RENCONTRE•Le jeune cinéaste canadien rêvait de présenter un film en compétition. C’est fait ce jeudi, avec Mommy...Stéphane Leblanc
«La compétition, ça change tout, prévient Xavier Dolan. Les gens qui sont là sont les meilleurs cinéastes au monde. Moi j’ai fait des films mais je n’ai pas le même niveau, ça stresse un peu.» Il n’empêche, à 25 ans, Xavier Dolan compte déjà cinq longs-métrages et quatre festivals de Cannes à son actif. Et pour mieux savourer l’instant, il est arrivé tôt, dès le week-end dernier. Pour voir le film de Bertrand Bonello sur Saint Laurent, qu’il a bien aimé, mais pas autant que Foxcatcher, de Bennett Miller. «Avec ce film, le cinéma américain confirme sa maîtrise absolue de la structure narrative.»
L’importance des références
Pour Xavier Dolan, il est important de savoir d’où l’on vient. «Oui, j’ai des héros». Des réalisateurs comme Ken Loach, qu’il a rencontré mercredi et dont il admire «le respect avec lequel il traite ses personnages». Il affirme d’ailleurs que c’est Sweet Sixteen, du cinéaste britannique, qui a inspiré Mommy, bien plus que J’ai tué ma mère, son premier film où il traitait déjà des rapports maternels. Autre grand maître: Gus Van Sant. «Ses films sont libres dans la forme, pas toujours rectilignes, il y a des digressions qui apportent de l’émotion.»
Les effets de surprise
«J’aime surprendre», prévient Xavier Dolan qui même semble prêt à tout pour cela. Jouer une partition enjouée malgré les difficultés d’une mère pour élever son enfant. Ou tenter un format d’image carré: «On a tenté ça comme un délire. On peut avoir l’impression que les personnages sont enfermés dans un cadre étroit, mais ça leur donne en réalité un potentiel de liberté élevé». Le format carré, c’est aussi une référence «à toutes ces pochettes d’album qui ont marqué notre imaginaire», car Dolan a voulu faire un «film pop».
Pas de rôle pour lui
Xavier Dolan ne joue pas dans Mommy… «Quand il n’y a pas de rôle pour moi, je n’ai pas besoin d’être là», dit-il. Par contre, il reste omniprésent derrière la caméra. «Je fais ce que j’aime faire, j’essaie de m’arrêter quand je ne sais pas faire», assure-t-il. Mais il sait tout faire et le fait plutôt bien: réaliser, bien sûr, écrire, produire, monter… et faire les costumes. Un domaine «trop souvent négligé dans le cinéma», selon lui, alors que «c’est pourtant la première chose qu’on voit d’un personnage».
Faire quelque chose de gai
«Le thème de l’homosexualité, j’ai fait le tour de la question», clame-t-il… Et de fait, Mommy n’est pas un film gay. Mais gai, ha! ça oui… «C’est drôle, parce qu’on a tout fait pour rendre l’image colorée et lumineuse, alors qu’il a fait un temps pourri sur le tournage. Comme ce jeudi à Cannes. «Ça gronde sur la Croisette, j’aime bien, mais pour les comédiens, avoir les cheveux humides, pas sûr que ce soit le rêve…» L’orage aura contribué peut-être à produire des étincelles dans la salle…
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