«Real», quand la réalité est plus que parfaite
CINEMA•Après «Tokyo Sonata» et «Shokuzai», Kiyoshi Kurosawa revient avec une fable fantastique où se mêlent fantômes japonais et monstres préhistoriques, un thriller teinté de science-fiction qui touche au cœur parce qu’il s’agit surtout d’une formidable histoire d’amour...Stéphane Leblanc
Sont-ils vraiment réels, les personnages de Real? Une jeune femme se suicide, reste dans le coma. Son ami tente alors une expérience scientifique: pénétrer son esprit afin de comprendre ce qui a pu se passer et la ramener à la vie. Kiyoshi Kurosawa signe une fable fantastique élégante et stylisée, une histoire de fantômes japonais qui rappellent ceux de Kairo, mais où se mêlent des monstres préhistoriques et des réminiscences de la catastrophe de Fukushima. Un thriller teinté de science-fiction qui touche au cœur parce qu’il s’agit aussi, et avant tout, d’une formidable histoire d’amour.
Rien de ce qu’on voit dans Real n’est vraiment réel. Et c’est heureux, car l’espoir est permis. «Je reconnais que ce film est une invitation à naviguer entre des frontières un peu flou», confesse le cinéaste qui a voulu réaliser un film qu’on puisse regarder «avec une certaine légèreté, comme on feuillette un manga».
Mélanges et confusions des genres
Ce qui tombe bien: mangaka, c'est justement la profession de l'héroïne. Après Tokyo Sonata et Shokuzai, Kiyoshi Kurosawa s’est non seulement amusé à mélanger les genres, mais aussi à multiplier les coups du sort, de façon à semer la confusion dans l’esprit du spectateur. «C’est le propre du cinéma que de brouiller les pistes», sourit le réalisateur qui, par une accumulation de rebondissements, se joue du réalisme des situations.
«Les machines à pénétrer les esprits, ça n’existe pas, reconnait-il. Pour autant, on y croit parce que l’action se déroule aujourd’hui.» Et fait même référence à une catastrophe récente. «Le parc d’attraction en ruines a réellement été dévasté par le tsunami qui a suivi le tremblement de terre de mars 2011». Le cinéaste l’a trouvé par hasard, au fil de ses repérages. Et c’est la seule liberté que le cinéaste ait prise par rapport au roman dont le titre original, A Perfect Day for Plesiosaur, fait référence à un animal aquatique de la préhistoire qui lui aussi, a réellement existé.