Guillaume Gallienne, irrésistible dans «Les garçons et Guillaume, à table !»
CINEMA•C'est l'une des comédies les plus drôles et les plus émouvantes de l'année. On est tombé sous le charme de «Les garçons et Guillaume, à table !»...Caroline Vié
Guillaume Gallienne a signé une petite merveille de comédie avec Les garçons et Guillaume, à table!, adaptation du spectacle homonyme qu’il a joué à Paris et en province de 2008 à 2010. Cette vision tendrement loufoque de son enfance et de la façon dont sa famille le considérait comme gay sans même lui demander son avis se retrouve dans ce premier film virtuose. Cet homme aussi délicieux que son film s’est confié à 20 minutes.
Quelle est la principale différence entre la pièce et le film?
Dans la pièce, j’incarnais tous les personnages ce qui m’obligeait à les rendre moins complexes. Je me contentais de les croquer en travaillant sur l’économie du signe, sur la gestuelle. Tout était centré sur ma performance ce qui m’obligeait à devenir habile, trop précis. Le cinéma m’a permis de modifier cela notamment en filmant des femmes.
Pourquoi ne pas avoir confié le personnage de votre mère à une actrice?
Le fait de l’incarner moi-même permet de souligner la subjectivité de la chose. Si j’avais engagé quelqu’un d’autre, j’aurais été obligé de me calquer sur son jeu et je pense que je n’aurais pas pu m’empêcher de lui montrer comment faire. Il n’y a rien de pire qu’un metteur en scène qui réduit votre art à l’imitation. On a envie de lui dire : «Tu n’as qu’à le faire toi-même». C’est ce que j’ai fait.
Qu’avez-vous particulièrement apprécié dans la mise en scène de cinéma?
Le fait de pouvoir me rapprocher des gens et de jouer avec le temps et l’espace en pensant très fort à Proust. Il m’était impossible de montrer la grande bourgeoisie sur les planches comme je l’ai fait dans le film. Cette façon de pouvoir changer de pays et de temps comme en claquant des doigts est très cinématographique.
Comment abordez-vous la sortie de votre film?
J’ai trois boutons d’herpès qui se battent pour sortir de ma lèvre inférieure. Je leur dis: «Pas maintenant les gars: j’ai des télés à faire !» J’essaye d’être raisonnable et de me dire que ce qui est fait est fait, mais la pression monte car le film sort dans beaucoup de salles. Il semblerait que de nombreux exploitants le réclament ce qui m'effraye tout en me comblant de joie.