Contre le film sur WikiLeaks, Julian Assange écrit à l’acteur Benedict Cumberbatch
•CINEMA – «Le cinquième pouvoir», film retraçant l’épopée du site qui a publié des centaines de milliers de documents diplomatiques sur Internet, «entend tromper le public avec de multiples inexactitudes», selon Julian Assange…Anaëlle Grondin avec AFP
Vedette du Cinquième pouvoir, film sur WikiLeaks qui fait bondir Julian Assange, le Britannique Benedict Cumberbatch (Star Trek Into Darkness, «Sherlock») avait demandé une entrevue au fondateur du site qu’il incarne dans le long-métrage réalisé par Bill Condon. Sans succès. Julian Assange, qui a permis avec WikiLeaks ces dernières années de rendre publics des milliers de câbles diplomatiques compromettants pour plusieurs gouvernements, a refusé tout net de rencontrer l’acteur.
«Un festival d’ennui gériatrique que seul le gouvernement américain saura apprécier»
Dans une lettre adressée à Benedict Cumberbatch en janvier mais rendue publique (sur WikiLeaks) mercredi seulement, Julian Assange, qui a toujours refusé d’être associé au projet, a de nouveau protesté contre le film qui a été présenté début septembre au festival de Toronto. «Je pense que vous êtes une bonne personne mais je ne pense pas que ce soit un bon film», a écrit l’Australien, qui ne souhaite pas «légitimer un film qui entend tromper le public avec de multiples inexactitudes.» Pour le fondateur de WikiLeaks, dont on ignore s’il a vu le long-métrage, «ce film va enterrer des gens honnêtes qui font un travail honnête, juste au moment où l’Etat leur tombe dessus. Il va étouffer la vérité sur les événements à un moment où la vérité est essentielle», poursuit-il.
Dans un mail envoyé à l’AFP depuis l’ambassade d’Equateur, où il est retranché depuis seize mois, il décrit le film comme «un festival d’ennui gériatrique que seul le gouvernement américain saura apprécier». «Les gens aiment la vraie histoire de WikiLeaks: celle d’un petit groupe de journalistes dévoués et d’activistes techno qui, contre vents et marées, combattent la corruption et la criminalité d’Etat. Mais ce n’est pas le sujet du film», a écrit Julian Assange à l’AFP.
Benedict Cumberbatch «brillant» dans le film
Le cinquième pouvoir se penche sur la trajectoire de WikiLeaks entre 2007 et 2010, année où l’organisation est devenue célèbre avec la publication des «War logs», qui dévoilaient des abus commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, et du «Cablegate», riche de milliers de documents diplomatiques.
Le Premier ministre britannique a déclaré mardi qu'il avait trouvé Benedict Cumberbatch «brillant», partageant ainsi l'avis de la critique britannique. Pour le reste, la même critique estime que le film souffre de la comparaison avec The Social Network, le long-métrage de David Fincher sur le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg. Qui, soit dit en passant, n'avait pas apprécié lui non plus à l'époque la manière dont on avait retranscrit à l'écran l'histoire de sa vie.