«J'enrage de son absence»: Quand l'absence fait mal à l'âme
CINEMA•C'est la première fiction de Sandrine Bonnaire...Caroline Vié
Il y a cinq ans, Sandrine Bonnaire avait agréablement surpris en réalisant le documentaire Elle s'appelle Sabine, déclaration d'amour poignante à sa sœur autiste. J'enrage de son absence, présenté cette année à la Semaine de la critique du Festival de Cannes, marque le passage à la fiction de la comédienne révélée par Maurice Pialat dans A nos amours en 1984.
Une folie douce
Devenue réalisatrice, Bonnaire retrouve la pudeur et l'intensité des films de son mentor pour suivre les retrouvailles d'un couple déchiré après le décès de leur fils dix ans auparavant. Elle (Alexandra Lamy) a refait sa vie et est redevenue maman. Lui (William Hurt) souffre toujours autant et se laisse fasciner par le nouveau fils de son ex au point de sombrer dans une forme de folie aussi douce que perturbante.
Sandrine Bonnaire se révèle une extraordinaire directrice d'acteurs. Hurt, qui fut son compagnon à la ville, se donne à fond en père inconsolable face à Lamy, toujours juste dans la peau d'une femme en plein déni. Ce duo habilement soutenu par Augustin Legrand fait partager la douleur éclatante ou larvée d'êtres balayés par une tragédie insupportable. Le deuil ou son absence sont au centre de cette chronique faussement délicate dont la petite musique douce laisse affleurer la violence de sentiments enfouis depuis des années. Il y a de la passion et du talent, mais pas de mélodrame, dans cette œuvre intense.
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