CINEMA«Después de Lucia»: Sombres héros et triste héroïne

«Después de Lucia»: Sombres héros et triste héroïne

CINEMALe film de Michel Franco a été récompensé au dernier festival de Cannes...
Caroline Vié

Caroline Vié

Michel Franco nous maltraite en même temps que son héroïne avec Después de Lucia. Ce drame, récompensé par le prix Un certain regard à Cannes, secoue durablement. «Le cinéma mexicain est souvent violent en réaction à une société qui l'est tout autant. L'atmosphère de menace régnant sur le pays nous influence forcément et chacun la retranscrit selon sa sensibilité», explique Guillermo Del Toro, réalisateur de fables angoissantes comme Le Labyrinthe de Pan (2006).

Comme Michael Haneke

Contrairement à lui, Michel Franco se démarque du fantastique pour plonger dans une réalité brutale. Après le puissant Daniel y Ana sur un frère et une sœur forcés de tourner un porno après avoir été kidnappés et menacés de mort (2009), il plonge dans l'horreur glaciale du harcèlement à répétition d'une lycéenne prise en grippe par ses condisciples et qui garde le silence. «J'ai tenu à ce que l'action se déroule dans un établissement chic, dit-il. Mon film correspond à une réalité au Mexique, mais j'ai été surpris de découvrir que ce genre de comportement existe dans le monde entier.»

Plus proche de Michael Haneke que de Max Pecas, sa vision de la cruauté de la jeunesse et de l'impuissance des adultes ne donne pas envie de retomber en adolescence: «Je n'ai pas voulu montrer d'images trop dures, précise-t-il cependant. J'ai beaucoup travaillé sur le hors-champ afin de faire travailler l'imagination du spectateur.» Sa maestria pour jouer avec les nerfs et les tripes de son public se révèle totale.

Voir la bande-annonce de Después de Lucia: