Quand les études font mal à la santé

Quand les études font mal à la santé

Recherche L'hygiène de vie des étudiants va être observée pendant dix ans sur le campus bordelais
Marion Guillot

Marion Guillot

La santé, « on n'a pas le temps d'y penser ». Sur le campus de la fac de médecine, hier après-midi, les étudiants de première année avouent que leur hygiène de vie n'est pas la priorité quand il faut bûcher un concours. « On ne fait plus de sport, on arrête les sorties. On s'habitue à ne plus avoir de vie sociale », énumèrent Elodie, Coralie et Maëlle. Sandrine, elle, néglige son alimentation : «J'habite seule, je n'ai pas le temps de me faire à manger. Souvent, c'est sandwich midi et soir. » En matière de santé, les futurs médecins ne donnent pas plus l'exemple que la plupart des étudiants. « Un constat qui nous préoccupe », déclare Manuel Tunon de Lara, président de l'université de Bordeaux. A sa grande satisfaction, un programme d'étude et de prévention inédit en France va être lancé sur le campus bordelais.

30 000 étudiants suivis
Dès la rentrée de septembre, le recrutement sur cinq ans d'une cohorte de 30 000 étudiants va commencer. Objectif : « observer leur santé physique et mentale pendant dix ans », indique Christophe Tzourio, neurologue et coordinateur du projet, qui vient de décrocher une aide de 9 millions d'euros de l'Etat. Cette cohorte présente un intérêt scientifique majeur, à savoir « réunir des données sur la santé des jeunes adultes, tranche d'âge sur laquelle aucune étude n'a encore été faite », souligne-t-il. Quatre domaines ont été définis : les maux de tête et la migraine, « qui touchent un quart à un tiers des jeunes femmes et qui sont mal pris en charge ». L'anxiété, le stress, la dépression et les risques suicidaires seront également étudiés. « avec 16 % de cas chez les jeunes adultes, le suicide est la première cause de mortalité », rappelle Christophe Tzourio. Les infections sexuellement transmissibles seront aussi observées. Dernier volet de l'étude : les comportements à risques (accidents de la route ou du sport, hyperalcoolisation, drogues...). Les étudiants volontaires répondront à des questionnaires sur Internet ou via des iPad.