Cargo à la dérive: Le point sur la situation avec un capitaine de frégate
FAITS DIVERS•Le capitaine de frégate Louis-Xavier Renaux, porte-parole de la préfecture maritime de l’Atlantique répond aux questions de 20 minutes sur la situation du cargo de commerce le « Modern Express »…Elsa Provenzano
Depuis mardi, le cargo de commerce de 164 mètres de long le « Modern Express » est en détresse et dérive sans son équipage, évacué mardi, vers les côtes françaises. Il faisait route du Gabon vers Le Havre. Une dernière tentative de remorquage va être tentée ce lundi, et en cas d'échec, le navire pourrait s’échouer sur les côtes landaises. Le capitaine de frégate Louis-Xavier Renaux, porte-parole de la préfecture maritime de l’Atlantique répond aux questions de 20 minutes sur la situation.
Que sait-on des causes des difficultés de ce navire ?
Tout porte à croire que le cargo a été déséquilibré par les roulis alors qu’il y avait une tempête en mer. L’arrimage des marchandises a lâché provoquant une gîte permanente.
Comment va se dérouler la tentative de remorquage ce lundi ?
Samedi et dimanche, la météo n’était pas favorable et c’était très risqué de faire intervenir des hommes sur place. On a une fenêtre météo toute la journée ce lundi et on va faire un nouvel essai. Quatre spécialistes de l’équipe du « Smit Salvage » seront à bord et cette société néerlandaise (mandatée par l’armateur) a affrété le remorqueur espagnol Centaurus.
A bord tout bouge beaucoup et il y a un parcours périlleux qui attend les spécialistes pour connecter les câbles qui vont permettre le remorquage. Si celui-ci est possible il faudra le conduire sur une zone où il serait bien abrité, peut-être sur les côtes espagnoles.
Carte expliquant les moyens mobilisés autour du Modern Express. - Prefecture maritime d’Atlantique
En cas d’échec du remorquage comment se passerait l’échouage ?
Selon les estimations d’évolution de la dérive du cargo, l’échouage aurait lieu entre lundi soir et mardi soir sur les côtes landaises. On ne connaît pas encore la zone précise, on va suivre l’évolution heure par heure. En tout cas il ne sera pas possible de la guider car avec une houle de 4 mètres, un bateau ne peut pas s’approcher. On ne sait pas encore comment il va s’échouer donc on ne sait pas encore comment on traitera l’épave.
Quels sont les risques en termes de pollution ?
Il y a seulement 300 tonnes de carburant, du fioul utilisé pour la propulsion du navire et il n’y a pas d’autres matériaux polluants à notre connaissance. On pense à une marée noire quand on voit arriver un cargo comme celui-là mais il faut mettre en rapport la quantité de fioul avec celle du Prestige, qui contenait 77.000 tonnes de carburant. Ce cargo ne transporte lui que 0,5 % de ce qu’il y avait sur le Prestige. Des mesures de confinements ou de pompage d’éventuels rejets sont envisagées. L’Argonaute appelé bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD) se tient prêt.
Il n’y aurait pas d’entrée d’eau ?
On suppose qu’il n’y a pas d’entrée d’eau car il ne s’enfonce plus, le gîte ne varie plus et on n’a pas relevé de traces d’hydrocarbures.