TRANSPORTSBordeaux: Annulé par la justice, le projet de tram-train du Médoc devrait quand même voir le jour

Bordeaux: Annulé par la justice, le projet de tram-train du Médoc devrait quand même voir le jour

TRANSPORTSLa déclaration d’utilité publique du projet a été invalidée par le tribunal administratif, mais Bordeaux Métropole poursuit les travaux…
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

La construction du pont Beyerman à Bruges, qui doit permettre au futur tram-train du Médoc de franchir la ligne SNCF Bordeaux-Pointe de Graves, devrait être bientôt achevée. Une fois cet ouvrage de 76m de long terminé, le projet entrera alors dans sa dernière ligne droite.


Le tracé du tram-train du Médoc, entre Bordeaux et Blanquefort - BORDEAUX METROPOLE

Les travaux se poursuivent donc à un bon rythme. Pourtant, le 23 octobre dernier, le tribunal administratif de Bordeaux a annulé la déclaration d’utilité publique (DUP) du projet, qui doit relier la station Cracovie à Bordeaux (place Ravezies) à la gare de Blanquefort en passant par celle de Bruges, sur 7 km de voie nouvelle. La justice avait été saisie par un collectif d’associations, dont Trans’Cub et Aquitaine Alternatives, qui contestent le manque de concertation autour de ce projet, son coût et des prévisions de trafic surévaluées.

«Au moment où l’annulation est tombée, le chantier était réalisé aux trois-quarts»

Alors? Alors, rien. Cette décision n’empêche pas Bordeaux Métropole, qui a fait appel, de poursuivre les travaux. Et elle ne devrait pas davantage lui interdire de mettre en service cette nouvelle ligne, quand bien même la collectivité serait déboutée en appel.

Contacté par 20 Minutes, Michel Labardin, maire de Gradignan et vice-président de Bordeaux Métropole en charge des Transports de demain, précise que «nous avons déposé un sursis à exécution, et en attendant les travaux continuent. Au moment où la décision d’annulation de la DUP est tombée, ils étaient déjà avancés aux trois-quarts, et il était inconcevable de stopper le chantier. S’il y avait eu des expropriations, nous aurions dû arrêter le projet, mais l’ensemble des acquisitions foncières a été réalisé à l’amiable, rien ne nous empêchait donc de poursuivre.»

«La Métropole veut mettre tout le monde devant le fait accompli»

Une situation que Jacques Dubos, président de Trans’Cub, juge «ubuesque.» «Bordeaux Métropole poursuit les travaux comme si de rien n’était, c’est scandaleux. Effectivement dans le jugement du tribunal administratif, l’arrêt des travaux n’est pas spécifié, ce que nous regrettons, et la collectivité s’appuie sur le fait qu’il n’y a pas d’expropriations. Mais c’est mesquin. La justice a quand même acté que le projet n’était pas justifié, et que les objectifs de fréquentation et de coût n’étaient pas sincères.»

Jacques Dubos conteste par ailleurs l’argument de l’avancée des travaux. «Au moment de l’annulation de la DUP, ils étaient réalisés à 30 ou 40%, pas aux trois-quarts. La Métropole avait tout le loisir de ne pas lancer les travaux complémentaires, et de faire jouer la clause de sortie. Maintenant, la clôture de l’instruction est prévue le 20 avril, et le temps que le tribunal rende son jugement cela devrait nous amener au début de l’été. Bordeaux Métropole veut mettre tout le monde devant le fait accompli, et nous risquons donc de nous retrouver avec une situation extraordinaire, c’est-à-dire un projet jugé inutile qui pourrait quand même voir le jour.»

Retards de travaux

«Cette décision de justice a toute sa force, estime néanmoins Michel Labardin, mais pour le moment nous attendons que cette affaire soit jugée, et que notre sursis à exécution soit accepté. Si nous n’obtenons pas satisfaction, nous verrons le moment venu la position que nous adopterons.»

En raison d’expertises complémentaires demandées par la SNCF concernant le franchissement de plusieurs passages à niveau, le projet accuse néanmoins un peu plus d’un an de retard. Ainsi, si les travaux devraient être achevés fin 2015, l’ouverture de la ligne n’est prévue que début 2017.