FAITS DIVERSBordeaux: Une cinquantaine de tirs au laser contre des chauffeurs de la TBC recensés depuis le début de l’année

Bordeaux: Une cinquantaine de tirs au laser contre des chauffeurs de la TBC recensés depuis le début de l’année

FAITS DIVERSUn conducteur de tramway a dû être hospitalisé jeudi soir après avoir été visé par un laser à Lormont. Le phénomène est en forte hausse depuis le début de l’année…
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

Le conducteur de tramway touché jeudi soir à la station Bois-Fleuri de Lormont par un tir au laser est sorti de l’hôpital. Transporté par les pompiers au CHU, il aurait ressenti une douleur à l’œil gauche, et il est toujours en arrêt maladie. «Les nouvelles concernant sa santé sont plutôt rassurantes, indique Jean-Louis Baujard, le DRH de l’exploitant, Keolis, même si dans ce domaine-là, il faut se laisser du temps pour apprécier le véritable traumatisme qui a été vécu. »

C’est le troisième chauffeur à se mettre en arrêt-maladie suite à un tir laser depuis le début de l’année. «Nous avons recensé 51 tirs visant des conducteurs de la TBC, bus ou tramway, depuis janvier 2014, précise Jean-Louis Baujard, dont quinze qui ont atteint leur cible.»

«Un phénomène en pleine croissance dans tous les réseaux Keolis»

C’est donc un phénomène en forte augmentation par rapport à 2013, puisque durant la même période, trente-trois tirs au laser avaient été recensés, pour dix conducteurs atteints. Six d’entre eux s’étaient mis en arrêt-maladie.

«Nous suivons de près la situation, confirme Jean-Louis Baujard, car le phénomène est en pleine croissance, comme dans les autres réseaux Keolis d’ailleurs.» Les organisations syndicales partagent cette analyse. «Nous sommes très inquiets car cela se développe, et manifestement il n’y a pas grand-chose à faire pour contrer ce problème» indique Xavier Sanchez (CGT).

«On a l’impression d’être comme des moineaux»

La direction de Keolis a tout de même étudié la mise en place de pare-brise protecteur. «Mais il n’existe rien pour contrer la longueur d’ondes.» L’entreprise a donc lancé depuis la rentrée une opération de sensibilisation dans les collèges et lycées de l’agglomération. «Quand l’auteur est retrouvé, il s’agit très majoritairement d’adolescents, qui ne se rendent pas compte de ce qu’ils font» poursuit Jean-Louis Baujard.

Ces derniers utilisent très souvent des lasers sans danger. Mais parfois la longueur d’ondes de l’objet est plus puissante, et pourrait causer de graves séquelles. Ce fut le cas en 2013, lorsqu’un conducteur de bus a été atteint à Talence. Sa vue s’est depuis dégradée. «Il suffit de quelques secondes d’exposition pour que la rétine soit touchée, explique Xavier Sanchez, et les symptômes peuvent se déclarer seulement un jour ou deux après. Face à cette situation, on a l’impression d’être comme des moineaux.»

«Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de conséquence particulière»

Le phénomène touche tous les quartiers de l’agglomération. «Un conducteur a été visé ce week-end au niveau de la place des Quinconces, précise ainsi Jean-Louis Baujard, parce qu’en ce moment il y a la Foire aux plaisirs, et que l’on peut y acheter des lasers. Ce ne sont que des jouets inoffensifs, mais cela, sur le moment, le chauffeur visé ne le sait pas…»

Président de la Société Française d’Ophtalmologie et Chef de service au CHU de Bordeaux, le professeur Jean-François Korobelnik relativise la dangerosité de ces lasers. «Même s’ils sont puissants, s’ils ne visent pas le fond de l’œil, je ne pense pas qu’il puisse y avoir de conséquence particulière pour la vue. Personne dans mon service n'a en tout cas eu à prendre en charge de cas de traumatisme de la rétine à cause de ces pointeurs laser. Il faudrait vraiment fixer le laser de près durant plusieurs secondes pour qu'il y ait une blessure. En revanche, que ce phénomène suscite une réaction de stress de la part de conducteurs qui ont des responsabilités, c’est tout à fait normal.»