Juppé: «Ai-je bien fait de lancer la construction du Grand stade?»
EQUIPEMENT•Le maire de Bordeaux a jeté un pavé dans la mare en se questionnant sur le coût du Grand stade, actuellement en cours de construction. Le projet, lui, continue d'avancer à grands pas...Marc Nouaux et Mickaël Bosredon
A l’occasion de la biennale d’architecture Agora, qui se tient jusqu’à ce dimanche à Bordeaux, le débat sur le Grand Stade est revenu sur le devant de la scène. L’édifice en cours de construction dans le quartier du Lac est une des attractions majeures des chantiers ouverts au public durant Agora. Mais, et contre toute attente, c’est le maire Alain Juppé qui a jeté un pavé dans la mare lors d’une conférence de la biennale, qui se tenait vendredi à Bordeaux. «Ai-je bien fait quand j’ai décidé en 2008 de lancer la construction de ce stade?» a lancé l’élu, à côté d’un des deux architectes du bâtiment, le Suisse Jacques Herzog.
«En 2008, le contexte budgétaire était différent» a poursuivi le maire de Bordeaux dans son intervention. De quoi supposer que le Grand Stade ne verrait pas le jour s’il était lancé aujourd’hui…Une remise en cause qui a de quoi surprendre, quand on sait que ses opposants verts et socialistes dénoncent depuis le début «la gabegie financière» de ce projet.
«Un coût de 6,68 millions d'euros par an pour la ville»
Evidemment, son opposition n’a pas tardé à réagir à ces déclarations. Dans un billet intitulé «Au moment de passer à la caisse, Juppé doute du Grand Stade», Matthieu Rouveyre (PS) estime qu’«alors que l’édifice s’achève, que les subventions publiques (75 millions d’euros) ont été versées, c’est bientôt l’heure pour la ville de commencer à régler le loyer annuel au constructeur. Pendant longtemps, le coût annoncé par le maire était bien plus faible que celui contractualisé dans le Partenariat public-privé, et c’est peut-être en s’y intéressant enfin qu’Alain Juppé est tombé des nues.»
Et l’élu socialiste de rappeler que devant la Cour administrative d’appel, le rapporteur public estimait que «le bilan de l’information donnée aux élus aurait dû faire apparaître, en charge pour la commune, non pas la somme de 3,5 millions de loyer annuel, mais de 6,68 millions d’euros.»
Balayant finalement ses doutes, Alain Juppé a conclu son intervention vendredi en rassurant son auditoire: «Je me dis que ce sera une magnifique réalisation, qui sera utile à la ville, il sera très visité dans un quartier qui est déjà à dominante sportive.» Lors de la même conférence, l’architecte Jacques Herzog a lui souligné un projet «élégant et pur comme un temple.»
«Il paraît vraiment plus petit que Chaban-Delmas»
Le chantier, de son côté, avance à grands pas. Le stade de 42.000 places, dans sa forme, est quasiment terminé, et un des deux écrans géants est déjà accroché du côté nord. Mis à part quelques gradins situés côté sud, toutes les tribunes sont en place, ce qui permet d’avoir un avis assez précis de la grandeur de la structure.
«Il paraît vraiment plus petit que Chaban-Delmas, a-t-on pu entendre lors d’une des visites publiques à laquelle 20Minutes a assisté. On a l’impression que l’on est beaucoup plus proche des autres tribunes.» Un sentiment provoqué par la pente forte des gradins, qui donnent plus l’impression d’un mur que dans l’ancien stade.
Inauguration prévue le 23 mai 2015 à 21h
L’accès à l’enceinte depuis les parkings est aujourd’hui aussi de plus en plus clair. Paul Vantieghem, chef de projet au cabinet Herzog et De Meuron, s’en satisfait. «L’aspect du bâtiment qui est le plus apprécié d’après les retours que l’on a, c’est la facilité d’accès et la clarté du parcours depuis le parvis jusqu’à sa place dans le stade.»
Dans les coulisses, on apprend que plus de 4.000 personnes pourront être accueillies dans les salons, qui serviront aussi de salles de réception ou de séminaires en dehors des matchs, et que l’auditorium qui accueillera la salle de conférence de presse, pourra recevoir 252 personnes. En clin d’œil au club résident et pour des raisons d’esthétique, les murs intérieurs seront bleus marine.
Le nouveau stade sera inauguré le dimanche 23 mai à 21h soit dans un peu plus de huit mois. Mais il sera prêt avant, puisque le consortium Vinci-Fayat, chargé de le construire, livrera l’enceinte à la mairie de Bordeaux trois mois avant.