Attaques à La Réunion: Comment se prémunir des requins sans avoir à les tuer?
PLANETE•Des solutions existent, mais aucune n'est parfaite...Corentin Chauvel
La nouvelle attaque de requin survenue dimanche à Saint-Leu (La Réunion), qui a coûté une main et un pied à un surfeur, a provoqué l’accélération dans la recherche de solutions à un problème en suspens depuis plus d’un an.
Les différentes parties (surfeurs, élus,...) réclamant des mesures de prévention radicales, notamment le droit d'éliminer des requins jugés dangereux, ont finalement eu raison. Après une initiative allant dans ce sens mais finalement avortée de la part du député-maire de Saint-Leu, Thierry Robert, la préfecture de la Réunion a décidé d’autoriser ce lundi la pêche d’une vingtaine de squales dans la Réserve marine pointée du doigt par les anti-requins.
La «battue préventive», «une preuve d’irresponsabilité»
Contactée par 20 Minutes, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, dénonce cette «battue préventive» qui est, selon elle, «la manière démagogique et facile de satisfaire ceux qui la réclament». «C’est une réaction à chaud et une preuve d’irresponsabilité», ajoute-t-elle. Le nombre de requins qu’il y a dans la zone est en effet inconnu ainsi que les espèces qui y prolifèrent. De plus, les études en cours portant justement sur la population des squales autour de l’île risquent d’être «réduites à néant par ces battues», estime Lamya Essemlali pour qui la présence de requins contribue pourtant à «la bonne santé de la biodiversité» alors que l’on assiste à «une explosion des activités nautiques».
Les rares solutions «pacifiques» testées notamment en Australie et en Afrique du Sud pour se prémunir des squales ne sont guère meilleures, selon la présidente de Sea Shepherd France. Les «runlines» (filets disposés autour des plages pour bloquer les requins) ont certes prouvé leur efficacité de blocage, mais également de pêche involontaire puisque nombre d’espèces, autres que des requins (dauphins, tortures, etc.) s’y retrouvent coincées. Pire, «ces proies deviennent des appâts» pour les requins qui viennent d’autant plus s’y aventurer. «Ce n’est pas du tout une bonne solution», conclut Lamya Essemlali.
«Une fausse impression que l’on est en sécurité»
Lors des attaques de requins de l’an dernier à la Réunion, l’achat massif de «Shark Shields» avait été évoqué. Il s’agit d’«un bracelet qui envoie dans l’eau des ondes magnétiques faisant fuir les requins», expliquait alors linfo.re. Le même dispositif existe également de manière collective afin de protéger tout une zone. Si la région avait affirmé envisager sérieusement cet investissement, «on n’en a plus entendu parler depuis», indique Lamya Essemlali qui regrette ainsi ces solutions «qui donnent la fausse impression que l’on est en sécurité».
Pour cette dernière, seules des opérations de sensibilisation et la responsabilisation des surfeurs, notamment, pourrait contribuer à réduire les incidents. «Ce n’est pas qu’un problème de surfeurs, mais certains surfent n’importe où et n’importe comment», déplore-t-elle. Lamya Essemlali salue cependant certaines initiatives telles que «Réduire le risque requin», une application pour smartphone (seulement disponible sous Android pour le moment), permettant aux surfeurs de connaître le seuil de danger en fonction de diverses variables (horaire, lieu, météo, etc.).