CLIMATCe n'est peut-être pas cuit pour les ours polaires

Ce n'est peut-être pas cuit pour les ours polaires

CLIMATIls se sont déjà adaptés à des réchauffements climatiques, ce qui laisse de l'espoir pour l'avenir de l'espèce...
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

On avait presque déjà tiré un trait sur les gros ours blancs des pôles. Et pourtant, l’ours polaire pourrait encore avoir de belles années devant lui, laisse espérer une étude du génome des plantigrades publiée mardi. Selon des scientifiques américains, les ours polaires sont bien plus vieux qu’on ne le pensait: l’espèce serait apparue il y a 4 à 5 millions d’années et non 600.000 ans comme une étude précédente l’avait calculé. Surtout, les ours blancs se sont toujours adaptés aux changements climatiques.

Le métissage comme stratégie d’adaptation

Leur technique pour ne pas disparaître lorsque la banquise fond: le métissage. Lorsque le climat se réchauffe, les ours blancs se rapprochent des ours bruns des régions plus méridionales et donnent naissance à des oursons mieux adaptés aux nouvelles conditions climatiques. «Nous voyons des indices selon lesquels dans les périodes chaudes, les ours polaires ont changé leur mode de vie et sont entrés en contact, donc se sont reproduits, avec des ours bruns», explique Stephan Schuster, auteur de l’étude et professeur de biochimie et de biologie moléculaire.

Les scientifiques ont ainsi observé que les gênes d’ours polaires «purs» se retrouvaient en plus grand nombre dans les fossiles datant des périodes les plus froides de l’histoire de la Terre. La population d’ours blancs a varié selon les températures du globe, mais s’est à chaque fois reconstituée lorsque le froid a refait son apparition. «C’est la première fois que nous observons, à partir des gènes, que l’histoire de la population des ours blancs retrace l’histoire du climat terrestre, précise Charlotte Lindqvist, co-auteur de l’étude. Il y a une augmentation du nombre d’ours polaires à la fin du Pléistocène inférieur, lorsque la Terre s’est refroidie, puis un déclin lors des périodes plus chaudes. Nous avons aussi observé qu’il y a beaucoup moins d’ours polaires aujourd’hui que durant la Préhistoire.» Confrontés à la fonte des glaces sur les pôles, les ours polaires contemporains devront faire appel à leurs cousins bruns pour préserver leur espèce.