RIO+20Sommet Rio+20: Les décisions seront-elles à la hauteur des attentes de la société civile?

Sommet Rio+20: Les décisions seront-elles à la hauteur des attentes de la société civile?

RIO+20Entre le Sommet des peuples et le sommet officiel des Nations unies, les ambitions ne sont pas les mêmes...
A.C. avec AFP

A.C. avec AFP

Le Sommet sur le développement durable «Rio+20», du 20 au 22 juin, suscite des attentes fortes mais pourrait se borner à proposer des pistes pour mieux gérer la planète, sous l'oeil frustré de la société civile réunie en parallèle dans un «Sommet des peuples». Cette Conférence des Nations unies, qui regroupera une centaine de chefs d'Etat ou de gouvernement, vingt ans après le premier Sommet de la terre, a pour objectif de «poser les fondations d'un monde de prospérité, de paix, et de durabilité».

Manque d’ambition et de volonté politique

Pour la Commissaire européenne pour le climat Connie Hedegaard, il est «crucial» que Rio+20 «donne un résultat tangible». Comme la ministre brésilienne de l'Environnement Izabella Teixeira, elle espère que le sommet favorisera l'émergence d'un «nouveau modèle de développement». Mais il est à craindre que ces espoirs ne soient déçus. «La crise économique a fait de l'usage durable des ressources quelque chose qui n'est plus à l'ordre du jour», souligne Laurence Tubiana, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). En outre, depuis 1992, «le paysage a complètement changé», avec une stagnation au niveau international et l'émergence de nouveaux acteurs -Chine, Brésil, Inde...- sans «structure de gouvernance qui permette de les intégrer», dit-elle.

Ainsi, la mise au point de la déclaration finale de Rio+20 est ardue et les séances de négociation sont «jusqu'à maintenant un peu difficiles», admet Brice Lalonde, coordonnateur exécutif de la conférence. Selon lui, le texte à ce jour «manque d'ambition» et il se déclare «préoccupé d'un risque du plus petit commun dénominateur». Connie Hedegaard craint pour sa part que ne sorte du sommet rien d'autre qu'une déclaration de «bonnes intentions». D'ores et déjà, la société civile, qui réunira quelque 30.000 personnes -Indiens d'Amazonie, Indignés d'Espagne, représentants du Printemps arabe- du 15 au 23 juin en «Sommet des peuples», manifeste sa déception. «Nous attendons très peu de choses de la conférence officielle», a indiqué à l'AFP Bazileu Alves Margarido, de l'Institut démocratie et développement durable (IDS). «Nous voyons Rio+20 sans volonté politique de changer les choses».

L’économie verte fait débat

Actuellement, les dissensions restent importantes sur les deux points principaux à l'ordre du jour : «l'économie verte», qui associerait développement économique, lutte contre la pauvreté et respect de l'environnement, et la mise en place d'une nouvelle gouvernance internationale pour l'environnement. Les pays pauvres craignent que l'économie verte n'aboutisse à une taxe ou des mesures entravant leur développement. Même son de cloche dans la société civile: «Nous avons besoin d'un véritable changement du système et pas d'une solution nommée économie verte, qui consiste à conduire les marchés financiers à piller la nature», a lancé Nicola Bullard, de l'organisation Focus on the Global South.

Quant à l'idée, défendue par l'Europe, de remplacer le Programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) par une Organisation mondiale de l'environnement, elle se heurte à l'opposition de plusieurs grands pays dont les Etats-Unis et le Brésil. Une simple réforme du PNUE devrait faire consensus. Le sommet devrait en outre accoucher d'«objectifs du développement durable», complémentaires aux objectifs du Millénaire de 2000. Laurence Tubiana n'exclut toutefois pas une «surprise»: «que la dynamique de la société civile dépasse en ampleur et en vitalité tout ce qui se passera dans le Sommet officiel».