La «France solidaire» de François Bayrou démarre...difficilement
PRESIDENTIELLE•Des proches de François Bayrou se sont montrés déçus de la présentation du programme politique du candidat du MoDem...Anne-Laëtitia Béraud
«La France solidaire»: François Bayrou a révélé à Paris ce mercredi midi son nouveau slogan de campagne (après «Un pays uni, rien ne lui résiste»), en même temps que son programme politique. «La France solidaire», c'est aussi le nom du livre signé du candidat centriste à paraître jeudi matin. Il rassemblera les propositions de l'ex-«troisième homme» de 2007 pour construire «un projet de société» basé sur «la solidarité».
Le patron du MoDem a auparavant dénoncé la tenue de la campagne électorale actuelle, la qualifiant «d’exaspérante pour les Français car elle ne traite aucune des questions qu'ils se posent». Sur la crise, François Bayrou a expliqué qu’elle était la conséquence d’«une chaîne de dérives» nationales, alors que l’«on nous parle de la crise comme si elle venait de l'extérieur, de la finance, de l'Europe ou des immigrés».
Equilibre des sociétés vs racisme
Ce dévoilement de programme, qui devait se révéler un moment fort dans la campagne du centriste, a finalement semblé décevant pour certains centristes.
«Très long… trop long. Le discours qui devait durer un quart d’heure a duré trois-quarts d’heure. François perd son côté incisif quand il en rajoute», lance un proche après la conférence de presse. Un sentiment partagé par un autre, qui estime que son candidat n’a «rien, rien apporté de neuf aujourd’hui. Dommage.»
Si le candidat ne présente pas dans son discours de nouvelle mesure, François Bayrou a créé une mini-polémique en estimant que «l’immigration atteint parfois des niveaux déstabilisants pour la société française». Répondant à la fin de son intervention à une question, le candidat indique sur ce propos les exemples de Mayotte et de la Guyane. L’incompréhension continue. Une dizaine de journalistes restés après la conférence de presse sont finalement reçus par le candidat afin qu’il précise ses paroles.
«François perd son côté incisif quand il en rajoute»
François Bayrou qualifie de «déstabilisation» «des zones dans notre pays avec des concentrations de populations aux grandes difficultés sociales». «J’ai cité Mayotte, la Guyane, la Réunion mais je ne parle pas que des DOM-TOM (sic). Il y a des quartiers et des villes [en métropole, ndlr], il y a des concentrations scolaires, de familles, dans les écoles, aux difficultés de langue, de sans-emploi, de femmes seules ayant du mal à élever leurs enfants et originaires d’autres cultures, c’est préoccupant.» Le candidat précise que l’«on croit que ce sont des questions de racisme, et en fait ce sont des questions d’équilibre des sociétés».
Sur Mayotte, devenu département à la fin mars 2011, le candidat juge que «l’entrée de populations nombreuse, sans emploi, entraîne des phénomènes de déstabilisation très importants et de rejet». Avant d’ajouter: «C’est une exigence de tout premier plan pour des gouvernants que de veiller à l’équilibre des populations, et au fait que la mixité doive être un impératif dans les différents quartiers.»